Me voici au bout du monde ; c’est un peu ma spécialité. Le bout du monde, cette fois, est au bout nord de la Bretagne, au bout d’une pointe, passé le dernier village, dans une petite maison isolée, qui sert d’annexe à l’un des deux hôtels de ce village. J’y suis seul, mis à part un jeune peintre tchèque et figuratif, que, donc, j’ignore. Pour vis-à-vis une baie très vaste, à demi fermée sur la haute mer par une floraison d’îlots. Je me promène du matin à la nuit, malgré le vent, les grains et un rhumatisme au genou. Par delà les îlots de ma baie (la baie des Saints Anges), je devine Ouessant, où je fus autrefois druide, et dont, comme tu le sais, une pointe et un golfe portent mon nom.
Hier, j’ai relu à loisir la seconde partie de Le Clair et l’Obscur. Je la trouve très belle, très importante.
Je ne travaille pas. Je me raconte en me promenant de petits bouts d’histoires. Parfois il me semble sentir qu’elles coïncident avec ce qui est de l’autre côté. Cela ne dure pas. Je recommence. La nuit venue, pour reprendre pied et figure humaine, je lis Tacite, qui n’est pas breton pour un sou.
Je t’embrasse
Tous les petits contes auxquels je rêve depuis une dizaine de mois pourraient s'appeler : De l'autre côté. J'en ai écrit sept ou huit - nullement au point. D'autres choses aussi. Mais je n'ai pas la moindre envie de les publier.
+ Ne faudrait-il pas demander à Lemarchand une chronique ? Je pense que Fernandez ne nous donnera rien.