Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marcel Arland à Jean Paulhan, 1958 Arland, Marcel (1899-1986) 1958 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1958 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français

[1958]

30-12-58 

Cher Jean

Voici la bonne Parole :

Quels que soient les échecs, l’âme prend enfin la forme de son désir.

Et chacun trouve exactement outre-tombe ce qu’il y a apporté : le dieu, le doute ou le néant.

*

Comme la Messuguière était pleine, j’ai dû me contenter d’une chambre dans une pension de village ; mais la chambre est grande, et l’on est très gentil avec moi. Au point d’avoir délogé une vieille dame qui habitait cette chambre-studio. L’ennui est qu’elle habite à présent la chambre voisine, et se venge en faisant jour et nuit marcher son poste de T.S.F.

Pour répondre, il m’a fallu acheter un poste, moi aussi, à Grasse ; sa voix est particulièrement saisissante entre onze heures et minuit.

Janine, de Cannes, est venue me voir deux ou trois fois. Nous avons réveillonné chez Mme Herbart, avec [Ekis. Porquerol?]. Et avec « la Petite Dame », que je n’avais aperçue qu’une fois, voilà 8 ou 10 ans, mais qui m’enchante. On m’avait prévenu qu’elle perd la tête. La voici qui s’amène, vive, plaisante, s’installe dans son fauteuil, réclame son paquet de gauloises, en allume une, et, sitôt fumée, une autre. « C’est ça ! lui crie sa fille. Une cigarette après l’autre ! Tu n’as pas de bon sens. » Et la petit Dame, l’air surpris : « Je ne peux tout de même pas les fumer ensemble ! »

Nous rentrerons lundi ; impossible de trouver des places avant ce jour.

Je t’embrasse, cher Jean.

Marcel

[À droite de la lettre] Je travaille, beaucoup, mais, je crois, vainement.