Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marcel Arland à Jean Paulhan, 1958 Arland, Marcel (1899-1986) 1958 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1958 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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[1958]

Cher Jean,

Je t’ai parlé plusieurs fois de consacrer une petite partie du Temps comment il passe à un groupement de remarques, de petits témoignages, de faits, de petits « comptes rendus » (non pas sur des livres) qui introduiront une actualité assez directe. Un petit condensé de ce qu’il y avait souvent, jadis, dans L’Air du Mois. Une manière aussi de réintroduire les éléments essentiels de ton ancienne Revue du Mois. Oui, quelque chose de plus direct et de plus vivant que le courant du Temps comme.

Je voudrais bien ne plus tarder ; faire au moins un essai pour le prochain n°. Ne pourras-tu m’aider ? Je demanderai aussi à Dutourd, à Borgeaud, peut-être à Nimier ? Crois-tu que Grenier accepterait ? Je vois cela comme une sous rubrique du Temps, 3 ou 4 pages, formées de petits textes de 10 à 20 ou 30 lignes, le plus variés possible, signés d’initiales.

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Les Carnets de G. [Gilbert] sont toujours restés proches de moi, sauf peut-être pendant quelques années. Il s’est passé dans mon esprit, pour le texte, ce qui se passait pour les illustrations de Rouault. Elles m’avaient d’abord un peu surpris ; mais de plus en plus, et surtout maintenant, elles m’ont paru répondre au caractère fondamental du livre. Par exemple la belle litho du frontispice, eh bien oui, c’était bien cela, et ça l’est devenu de plus en plus.

Non, je n’ai jamais été « effrayé » par ces carnets. Ils me semblent simplement aujourd’hui un peu trop timides. Je les ai menés beaucoup plus loin dans ma vie et dans mon esprit (mieux vaut dire qu’ils se sont menés eux-mêmes, la vie aidant). J’en avais donné voilà 7 ou 8 ans une édition augmentée ; j’en pourrais donner une autre, beaucoup plus augmentée. Hors de cela, j’ai commencé à la Messuguière (à côté de l’autre livre que je poursuis) une suite de textes courts (sont-ce encore des nouvelles?) qui me semblent relever du même esprit que les Carnets, ou plutôt accuser cet esprit, au point qu’ils seront sans doute intolérables.

Je t’embrasse

Marcel