Janine est extrêmement réconfortée de ce que tu lui as dit et j’en suis heureux.
Par une sorte de miracle (que ma mère attribue à ses propres instances – le premier miracle du jubilé de Lourdes), mon frère va un peu mieux. Pourtant je l’avais vu moribond, et le médecin m’avait dit et répété qu’il n’y avait plus aucun espoir.
J’ai pas mal souffert des dents ces dernières semaines – ce qui provoquait aussi une dure angoisse. Hier, je suis allé chez un spécialiste, qui m’a fait une petit opération dans la bouche ; il s’agissait de kyste et d’ostéite.
J’ai vu avec curiosité et parfois avec plaisir l’exposition de Max Ernst. Je suis loin de lui accorder l’importance que tu lui donnes (et Mandiargues) ; mais je peux me tromper. D’ailleurs je crois que lorsque l’un de nous deux très emballé, l’autre, pour la revue, doit négliger ses propres réserves.
Je viens d’écrire, pour le Figaro littéraire, un « Rouault familier ». J’ai cédé à la demande d’Isabelle et de Mme Rouault. Mais ce que j’ai fait n’est pas bon, manque de rigueur. Image d’Épinal. Je ne pourrais vraiment écrire sur Rouault que pour moi-même ; je le ferai peut-être un jour. En parcourant ses lettres, j’ai été frappé par l’affection et la confiance qu’ils m’y témoignaient parfois. S’il avait été plus proche de moi par l’âge, nous aurions eu une amitié plus profonde, plus une, que celle qui l’unissait à Suarès. J’aimais sa violence et sa rageuse liberté, et son acharnement.
Je t’embrasse
Janine demande combien de dessins elle doit choisir, et si elle te les remettre apporter, et quand ?