[1958]
J’ai vu mon frère ce matin. Il est perdu, et presque sans conscience, que celle d’un corps qui meurt. M’a-t-il reconnu ? Je le crois. Il a seulement pu dire qu’il ne pouvait plus parler.
Même quand il le pouvait, nous ne nous sommes presque jamais parlé. Ce n’était pourtant pas faute d’affection. Quelle misère.
Toujours, j’ai eu l’impression que, tant qu’il était là, je me trouvais un peu préservé.
Ma mère, qui peut à peine marcher et qui n’y voit presque plus, se fait porter d’une église à l’autre et se prive de manger, pour obtenir de Dieu la vie de mon frère. Que va-t-elle devenir …
Je t’embrasse