Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Marcel Arland à Jean Paulhan, 1958 Arland, Marcel (1899-1986) 1958 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1958 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Mercredi [1958]

Cher Jean,

Je n’ai pas eu de chance : à peine arrivé à St Rémy, la grippe. Pourtant il fait beau ; mais la maison (celle de Beucken, lequel est à Paris) est une cave. Nous rentrerons à la fin de la semaine.

J’ai vu les Miguel, et trouvé que la peinture de Cécile se développait très harmonieusement.

Itenn, jeune peintre suisse, a divorcé de Françoise. Ou plutôt c’est Françoise qui a divorcé. Elle venait d’avoir un enfant. L’enfant n’était pas d’Itenn, qui le savait et l’avait permis. Mais l’instinct maternel est si fort que Françoise a voulu épouser le père de son enfant (autre jeune peintre suisse). Itenn, abandonné, a pris pour maîtresse une jeune Allemande. Françoise, réfléchissant, a compris qu’elle n’aimait qu’Itenn, et le lui a dit. Itenn a senti qu’il aimait toujours Françoise ; mais, très sagement (il est des Grisons), il lui a dit de réfléchir encore quelques mois.

J’ai eu une violente querelle avec le gardien du cloître de St Trophime, en Arles. C’était absolument idiot (j’y pense : c’était le début de ma grippe). Je me suis mis à hurler d’indignation (car enfin, sur le cloître de St Trophime, j’ai quelques droits, non?). Il m’a dit (le gardien) : « Vous vous montez, Mossieur ! » J’ai clamé : « Non, je me descends ! » - Tu vois ça. Et le plus fort, c’est que, pour montrer mon attachement à cette admirable ville (l’une des deux origines de mon nom, l’autre étant Ouessant), je venais d’acheter un écusson à ses armes (un lion portant une croix).

Je t’embrasse

Marcel