172 Bd Saint-Germain
Paris
Tel. Littré 55-26
J’ai bien tardé à vous répondre. J’ai traversé une crise de dépression pendant laquelle je ne pouvais plus rien faire, pas même écrire une lettre. Je demande à votre amitié de bien vouloir me passer ces moments où je cesse d’exister un peu plus que d’habitude.
Je reprends votre lettre !
1er Je suis étonné que vous attachiez une importance fondamentale à mon jeu de mots sur le terme « connaissance ». Il n’y avait pas là une détermination de ma pensée, mais une sorte d’image-calembour
2° La préférence pour l’absolu (et non pas un certain absolu, bien entendu, puisqu’il est impossible d’en concevoir plusieurs) est incluse dans l’interrogation que se pose le sujet en face de l’objet. Si la vérité ne consistait pas dans l’intégration du sujet et de l’objet, le sujet ne pourrait se poser de question par rapport à l’objet. Et d’ailleurs ce
Votre observation tend à poser la valeur de la raison humaine, et à nous faire retomber dans l’agnosticisme kantien que j’avais tenté d’écarter en admettant que l’homme faisant partie d’une certaine réalité, et déterminé dans le sens de cette réalité : les catégories de sa raison s’adaptent sans doute à celle de l’objet, puisqu’il existe entre cette raison et cet objet un rapport de nature. (Impossibilité de concevoir une raison qui aurait prise sur un objet totalement différent d’elle – Argument platonicien).
Le Scholie de Benda me paraît faux dans ses prétentions historiques, et misérable dans ses ambitions. Je vous en reparlerai. Je n’ai pas la Revue sous la main.
Je pense passer vous voir ce soir à la N.R.F., mon cher ami, croyez moi vôtre.