Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre d'André Rolland de Renéville à Jean Paulhan, 1932-04-21 Rolland de Renéville, André (1903-1962) 1932-04-21 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1932-04-21 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français

21 avril 1932. Paris, 1 rue C. Delavigne. 

Mon cher ami, 

L’humour qui enveloppe vos deux questions n’a pas réussi à entamer suffisamment ma naïveté pour que je m’en tienne aux entretiens que nous avons eus, à leur sujet :

1° Je ne crois absolument pas que la méthode qu’emploie Nerval soit assimilable à celle de Jouve. Elle se rapproche sans doute de celle de Breton. Tandis qu’il y a chez Nerval et même chez Breton, un effort pour sortir de la littérature et aller vers le Réel. J’aperçois en sens inverse chez M. P. J. Jouve une volonté de réduire le Réel à la littérature, c’est-à-dire de le fausser et de l’asservir à des fins innommables.

2° Quand Banville écrit « si la rime est faible, c’est que l’écrivain n’a pas assez réfléchi » il fait une observation de professeur qui désire que son élève s’applique bien. Je crois que ce serait être charittable à mauvais escient que de donner à cette phrase le sens profond que vous voulez bien lui supposer. Le reste du Traité de Versification me paraît d’une nullité que ne rachète pas l’œuvre poétique de son auteur. Et rien, me semble-t-il, ne vous permet de prêter à Banville un éclair de lucidité que tout vient démentir.

Croyez-moi mon cher ami bien vôtre

A. Rolland de Renéville