Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre d'André Rolland de Renéville à Jean Paulhan, 1932-09 Rolland de Renéville, André (1903-1962) 1932-09 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1932-09 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Mercredi [septembre 1932]

J’ai tout à fait oublié hier de vous transmettre une demande de René Daumal : il vous aurait une vive reconnaissance d’obtenir que la Revue lui verse immédiatement le prix de son article sur la musique hindoue. Il est en effet réduit actuellement à la pauvreté la plus extrême, et menacé de saisie (ceci entre nous). Bien que minime, la somme qui lui est due, l’aiderait énormément m’a-t-il dit, en lui permettant de faire patienter l’un de ses créanciers.

Je devais vous faire cette commission hier, et Daumal va se présenter à vous aujourd’hui même vers 5h. Veuillez, je vous en prie, ne pas lui dire que j’ai oublié hier de vous en parler, et que je vous ai écrit seulement aujourd’hui, car il serait en droit de trouver cet oubli peu amical de ma part… Je suis moi-même ennuyé de cette marque d’égoïsme que je me suis donnée en ne laissant hier affleurer à ma conscience que les pensées agréables que je formais au milieu de tous, c’est-à-dire en ne pensant qu’à moi… La seule excuse que je me reconnaisse est le très grand charme de cette réunion que je vous remercie d’avoir organisée. Max est « désarmant » et je ne conçois pas qu’il puisse avoir autre chose que des amis. Supervielle est délicieux tout à fait. Il m’a montré de très beaux poèmes qu’il écrit actuellement, et qu’il venait de vous soumette m’a-t-il dit. Enfin sa femme et ses deux filles ne sont pas d’une beauté moins parfaite que les images de son esprit !

Je vous dis à bientôt mon cher ami et je vous serre les mains.

Renéville

Supervielle m’a dit un mot de la lettre d’Artaud. Je crois qu’il faut, en raison de sa maladie, beaucoup lui pardonner, être prêt à de grands sacrifices si l’on estime que ses instants de lucidité valent la peine de le connaître. Mais vous avez hélas ! beaucoup plus de raisons que moi de savoir tout cela. Je n’ai fait jusqu’à présent que l’observer en spectateur.