Rien ne m’est plus pénible que de ne pas tenir parole, et pourtant je crois bien que c’est ce qui m’attend vis-à-vis de vous en ce qui concerne mon étude sur Jarry ! J’ai commencé à étudier l’Amour absolu, Les Minutes de Sable, César antéchrist, œuvres que je n’aurais jamais pu réussir à me procurer. Je reste stupéfait devant la profondeur et la Ubu-roi que je n’ai pas, et que vous pourriez peut-être me prêter ? Bref je viens vous demander de ne pas m’en vouloir si je vous apporte une étude sur Jarry pour le N° de Février, au Ubu-roi ce jour-là, mon travail s’en trouverait avancé.
Je viens de recevoir les Vases communicants de Breton. Je pense que vous-même, et Roger Lecomte les avez reçus aussi ? Je me réjouis de lire la note de Lecomte sur ce livre. J’espère qu’il n’épargnera pas les ridicules que je vous avais signalés de vive voix. Il est d’ailleurs absolument d’accord avec moi sur ces points de détails.
Votre dernière lettre contenait une phase que je voudrais entièrement saisir. Je vous avoue ne pas comprendre ce que vous entendez lorsque posant que je ne dois cacher. Cacher l’absence de pensée.
J’aimerais que nous parlions ou discutions par lettre sur votre phrase (le cas F. Ponge ne servant que d’exemple) car je sens qu’il y a là quelque chose que je n’arrive pas à saisir.
La réunion des membres du Grand Jeu à propos de mon article sur Aragon a eu lieu. Audard, Delons, Maurice Henry, et Harfaux me reprochent avec violence de dire la vérité, lorsque cette vérité est susceptible de causer un préjudice à la révolution communiste. Mon devoir serait alors de prendre fermement parti pour l’erreur dans un but pragmatique. J’aurais dû faire l’éloge des poèmes d’Aragon.
Quelle tristesse de trouver une telle attitude chez ceux qui veulent nous délivrer de toute veulerie !
Veillez je vous prie transmettre ma respectueuse amitié à Madame Paulhan, et me croire mon cher ami bien cordialement votre.