Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre d'André Rolland de Renéville à Jean Paulhan, 1933-10-09 Rolland de Renéville, André (1903-1962) 1933-10-09 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1933-10-09 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
9 oct. 1933 -  Paris -

22 rue de l’abbé Grégoire (6°)

Mon cher ami

Je suis contraint de vous demander s’il vous est possible de me faire régler dès maintenant par la N.R.F. le montant de mon article sur le Surréalisme qui vient de paraître, et aussi celui de mon poème, bien qu’il n’ait pas encore paru… Voici ce qui m’oblige à vous demander si vous pouvez obtenir cela pour moi : je dois payer 400 frcs d’impôts, et n’arrive pas à prélever sur mon minime budget cette somme car je suis très peu large depuis que je dois vivre en même temps que Cassilda avec mon traitement. Je comptais sur le montant de mon article donné à Sur pour m’acquitter envers le Percepteur, mais cet argent n’arrive pas, et je suis très en retard vis-à-vis des contributions. Excusez, je vous en prie, ces confidences sans intérêt et qui n’ont pas même le mérite de « la grandeur dans la désolation ».

Je passerai à la N.R.F. prendre votre réponse. Si vous ne pouvez sans difficulté me faire avoir satisfaction, n’hésite pas à me le dire sans la moindre gêne. 

*

Il est bien entendu que je vous réserverai mon « document » judiciaire pour la N.R.F. et vous suis bien reconnaissant des conditions que vous tenterez d’obtenir à cet égard auprès de M. Gallimard. Je tiendrai à ne pas signer la présentation de ce texte, et à ce que personne ne sache que vous l’avez tenu de moi. En effet mes fonctions me rendent difficile toute publication intéressant la Justice, même lorsque j’ai entre les mains un document communiqué par un avocat, ainsi que cela est ici le cas. Le secret que je vous demande est très important pour moi.

Le document en question est assez passionnant : il s’agit de la correspondance échangée entre un enfant enfermé dans une colonie pénitentiaire et son avocat. Nous devrons changer les noms, et peut-être faire des coupures, choisir des lettres, etc. Je vous l’apporterai bientôt. 

*

J’ai éprouvé à vous retrouver tous deux une vraie joie que je me sens maladroit à vous dire. Je me sens en « communication » avec très peu d’êtres. Vous, Michaux, Daumal… pour tous les autres, même ceux que j’aime, il s’agit d’une « accommodation ».

Mon cher ami je vous serre les mais.

Cassilda vous envoie à tous deux ses amitiés.

A.Rolland de Renéville

La note de Schwob sur Jouve est vraiment bien méchante. Le Thibaudet sur Brémond, le Benda assez ignoble (je préfère presque Barrès) le Tableau de la Poésie  une merveille