Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre d'André Rolland de Renéville à Jean Paulhan, 1934-08-18 Rolland de Renéville, André (1903-1962) 1934-08-18 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1934-08-18 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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18 août 1934 Paris  22 rue de l’abbé Grégoire (6°) 

Mon cher ami

Nous sommes à Paris depuis dimanche dernier. La ville est chaude et vide. Je regrette la mer.

Merci pour votre carte que j’ai trouvée ici. De Concarneau je vous ai envoyé l’article que je vous avais promis sur Supervielle. J’aimerais beaucoup savoir s’il vous est parvenu (je n’en n’ai [sic] pas conservé le double) et ce que vous en pensez ?

Le Figaro a publié mon interview, ainsi que celui de Marc Bernard (gentils et assez insignifiants bien entendu, surtout le mien qui frise l’idiotie par ma faute).

Dans Le Figaro d’aujourd’hui Thérive vous cite. Je vous envoie la coupure. J’y joins un passage d’un article assez amusant sur Malraux et ses découvertes archéologiques.

J’ai infiniment aimé Déchiré de Fargue, dans la Revue. Vraiment de l’excellent Fargue. Rien d’autre ne m’a retenu dans ce n°, à part le très bel article de Cingria sur Stravinski. La réponse de ce pauvre Schloezer est pitoyable. On souhaiterait après cela (et le reste) que Cingria soit désormais chargé des chroniques musicales de la N.R.F.

Le mariage de l’Infante aurait été charmant dans la Semaine de Suzette. Je l’ai aimé.

Mais vraiment le texte de Fargue fait de ce n° un n° exceptionnel.

Je ne sais pas encore si nous allons pouvoir en septembre passer q. q. jours à la campagne, si nous allons pouvoir nous installer dans un petit appartement. Cela dépendra du résultat de mes recherches, commencées aujourd’hui même. En quittant la mer et la campagne j’éprouve un vif accablement à retrouver la vie étroite, artificielle et mercantile de Paris. Ce sont surtout des amitiés qui m’y retiennent. Je me sens d’autant plus vivement que nous nous y retrouvons seuls en ce moment.

Le directeur d’Hermès voudrait que je constitue à Paris un groupe « Les Amis d’Hermès » capable d’apporter des collaborateurs intéressants à la revue qui en a bien besoin. Pensez-vous que nous puissions réaliser q. q. chose dans ce sens ?

J’ai fait quelque progrès aux échecs, mais n’ai pas eu l’occasion de prendre conscience du ping-pong qui me reste aussi mystérieux qu’à Groethuysen. A Vannes j’ai assisté à un tournoi régional de boules très passionnant où certainement vous auriez pu tenir une place importante, malgré la valeur de certains adversaires.

Je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer dans les rues de Paris aucun nouveau Tatou. Le sens de la beauté se perd de plus en plus dans les Oiselleries comme ailleurs.

Je suis heureux d’avoir de vos nouvelles. Cassilda est moi vous adressons à tous deux notre plus affectueux souvenir.

A. Rolland de Renéville