Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Jean Paulhan à André Rolland de Renéville, 1936-09-02 Paulhan, Jean (1884-1968) 1936-09-02 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1936-09-02 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français

nrf

Paris, 43, rue de Beaune – 5, rue Sébastien-Bottin (VIIe)

Vendredi 2 Sept. [Septembre]
Port-Cros (Var).
[1936 ?]
Mon cher ami,

je reçois votre lettre du 31 Août. Je suis ennuyé que vous ayez une telle déception. Qu'elle serve du moins à préciser entre nous deux ou trois points.

Il est exact que j’ai mis environ un mois à répondre à votre carte d’Anzay. est-ce là une négligence tellement grave ? Je la regrette – mais vous avez dû recevoir, il y a quelques jours déjà, ma réponse. Quant aux épreuves, je vous ai demandé plus d’une fois de me les rendre corrigées le plus vite possible.

J'en viens aux « multiples et ridicules fautes d’impression » qui vous ont désolé. Vous m’en citez quatre.

La première n’est pas une faute d’impression. Il est parfaitement correct d’écrire : « De grands récits… des histoires d’amour lui furent confiés  ».

La quatrième n’est pas non plus une faute d’impression. C'est moi, épouvanté par : « je me suis pris à méditer que le vrai poète... » qui ai ajouté un « songeant  » (qui est peut-être un peu plat mais qui du moins est correcte et clair).

Il me semble donc inutile de faire un erratum pour substituer à une expression correcte et claire une autre expression incorrecte (ou simplement tolérée).

Il est exact que j’aurais dû vous faire part de mes corrections. Votre éloignement l’empêchait, et je n’ai dû revoir votre note qu’au moment de donner le bon à tirer du numéro. J'ajoute que j’aurais de toute manière exigé de vous la correction. Il ne m’est encore jamais arrivé de modifier quoi que ce soit qui touchât au sens d’un article. Si insignifiante que soit une faute de français (et justement parce qu’elle est chose insignifiante) je désire qu’il n’y en ait pas dans la nrf . Quand vous écrivez, par exemple, « … elle s’est permise de faire... » je me tiens pour autorisé à changer permise en permis . Il me déplairait fort que nous eussions une discussion là-dessus : ce serait donner à la chose une importance qu’elle ne mérite pas. Si d’ailleurs cette suppression d’un e vous paraissait une atteinte intolérable à votre liberté, je m’assure que votre rupture avec la nrf ne changerait rien à notre amitié – qui a, en moi du moins, des bases plus profondes.

La seconde correction de l’erratum est tout à fait juste : instructif au lieu de instinctif est en effet détesttable. La phrase d’autre part, offrait un sens suffisamment clair, et accepttable, pour que la faute pût m’échapper. Je ne vous demanderai jamais avec assez d’énergie de me renvoyer vos épreuves sitôt corrigées.

La troisième correction, tout à fait juste aussi. Je ne comprends pas ce qui a pu se passer. avez-vous encore en main les épreuves, et quel en était le premier texte ? La faute y était-elle déjà ?

De toute manière les « multiples et ridicules fautes d’impression » me semblent se réduire à une . Les « mots surajoutés d’une façon inopportune », à un également. Je vous accorde que c’est trop et qu’un erratum est, sur ces deux points, tout indiqué. Accordez-moi de votre côté, que votre désespoir est peut-être un peu exagéré.

Je vous serre amicalement les mains

Jean Paulhan

Voulez-vous accepter d’écrire une note sur les derniers livres de Michaux (dont la nrf n’a pas encore parlé) ?