Je n’ai pu mercredi vous expliquer de façon suffisamment précise les raisons qui m’ont retenu d’apposer ma signature au bas de l’adresse collective parue dans Combat, à propos de l’attitude de la famille Artaud, envers les inédits et la correspondance d’Antonin.
Je ne crois pas que ma signature ait une importance suffisante pour qu’il soit nécessaire que j’explique mon attitude au public (qui ne s’apercevra pas de son absence) mais je tiens à ce qu’aucune équivoque ne puisse exister dans l’interprétation que, personnellement, vous pourriez être amené à vous en donner vous-même. L’adresse collective de Combat portait à la fois sur le droit des héritiers Artaud, et sur la qualité de leur attitude au point de vue moral. En ce qui concerne
On me dit : « Il y a un testament ». je ne l’ai pas lu
La famille Artaud peut d’ailleurs en demander l’annulation pour « démence » de son auteur.
. Les fragments qu’en donne Combat ne font aucune allusion à la correspondance… Le Code Civil est sans doute beau et absurde comme toutes les créations humaines (Camus dirait comme tout ce qui existe). Je n’ai pas à l’apprécier, car je ne suis pas législateur. Par contre j’ai accepté de consacrer approuver, une adresse collective qui porte sur une grossière erreur de droit.
Pour ce qui est du point de vue moral, c’est bien autre chose. A cet égard je suis pleinement d’accord avec la pétition dont nous parlons. Si ce n’est que nous risquons de voir élever le débat : « Vous souhaitez donc, nous dira-t-on peut-être, que les œuvres d’un écrivain décédé soient arrachées aux familles stupides et alusives [sic], et soient considérées comme un patrimoine commun à l’humanité. Vous avez Poèmes politiques d’Eluard). Vous voyez que notre Code est un moindre mal… Nous lisons avec délices votre dernier livre. Je suis très frappé par ce qu’il y a de « créateur » dans votre style.
Mon cher ami nous pensons à vous deux bien affectueusement.
Je vous reparlerai plus longuement de vos admirables textes.