Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre d'André Rolland de Renéville à Jean Paulhan, 1950-07-14 Rolland de Renéville, André (1903-1962) 1950-07-14 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1950-07-14 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
14 juillet 1950

Paris 11 rue Madame

Mon cher Jean

Je vous adresse par même courrier (en recommandé) l’extrait de mon livre que j’ai arrangé de façon à ce qu’il forme un ensemble. Sa longueur est un peu  plus de 32 pages, et je ne vois pas le moyen d’en retrancher quoi que ce soit sans le rendre incompréhensible. J’espère qu’il vous parviendra à temps. Je n’ai pas pu vous l’adresser sans délai, tant en raison des remaniements à y apporter, que du fait que j’ai traversé et traverse encore beaucoup d’ennuis à la suite de la mise en vente de notre appartement. Si nous ne l’achetons pas, nous risquons d’en être expulsés un jour  ou, l’autre, et serons contraints de nous défendre dans de nombreux procès. D’autre part pour pouvoir prétendre à l’acheter j’ai dû chercher des prêteurs, et à part un ami, j’en ai trouvé qui m’ont avancé la plus grande partie de la somme mais à un très gros taux d’intérêts. J’aurai donc le souci de les payer et de chercher à rembourser le capital…

C’est vous dire que plus mon « Verlaine, témoin de Rimbaud » vous paraîtra valoir cher, et plus vous me rendrez service.

Le livre entier aura sans doute pour titre « Pour dater les Illuminations », si toutefois vous l’approuvez. Je pense et espère vous le remettre à la rentrée pour M. Gallimard, et, si vous le jugez opportun, vous remettre aussi le manuscrit de mon livre d’études dont je vous ai parlé l’an dernier. J’espère que M. Gallimard pourra donner sur ces deux livres une avance qui me permettra de commencer à rembourser mes dettes. (Il faut un commencement à tout !)

Nous souhaitons que vous et Germaine ayez beau temps pendant votre séjour, et profitiez bien de ce repos si agréable en compagnie des Arland. Nous espérons que Germaine a bien supporté les fatigues de ce déplacement, et que l’air de la campagne lui fait du bien.  Transmettez lui bien toutes nos affections, et dites lui que nous pensons à elle, et parlons d’elle et de vous bien souvent. Nous regrettons de n’avoir pu la voir avant son départ.

Cassilda vous reste bien reconnaissante des magnifiques orchidées (les uns après les autres, les boutons se sont épanoui[s], parfois en 5, parfois en six pétales. Il y a certainement de la Kabbale là-dedans, comme on disait au XVIII° s.)

Veuillez dire toutes nos amitiés bien vives aux chers Arland. Nous vous adressons à tous deux nos fidèles pensées.