Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre d'André Rolland de Renéville à Jean Paulhan, 1951-03-29 Rolland de Renéville, André (1903-1962) 1951-03-29 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1951-03-29 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
29 mars 1951

Paris 11 rue Madame (6e

Mon cher Ami

Voici la copie (que vous pouvez garder) de la chronique que j’ai tenté d’écrire sur les causes célèbres. Je ne me dissimule pas tout ce qu’elle a de simpliste et de limité par rapport à un art et à une pensée aussi subtils, aussi divers que les vôtres. Je ne suis même pas certain d’avoir mis le doigt sur l’un des ressorts de votre livre, et je ne voudrais pas vous avoir trahi en vous comprenant mal, ou en isolant abusivement l’un des aspects de votre démarche. Aussi je n’enverrai pas cette chronique au service culturel des Affaires Etrangères (auquel je le destine) que si vous me dites, en toute simplicité, que je peux le faire.

Relu votre texte des Cahiers de la Pléiade. Eh ! oui, c’est vous qui avez raison, et moi que ne raisonnais (de travers) que sur une première lecture trop rapide. Ce que dit Mallarmé dans La Musique et les Lettres ne s’oppose nullement à vos remarques. Pouvons-nous convenir, vous et moi, avec lui, que le poète tend à réinventer à son propre usage un langage (dans la langue), et que tel nouveau mot qu’il trouve est constitué par « un vers entier » (probablement d’origine onomatopéique) ? Voici l’une des assertions de Mallarmé : « Le tour de telle phrase ou le lac d’un distique, cités sur notre conformation, aident l’éclosion, en nous, d’aperçus et de correspondances. »

Dire que nous assistons chez le vrai poète à un effort de création d’un langage est sans doute hasardé, mais comporte une part de vérité. Le poète est l’un des rares « primitifs » que nous ayions encore l’occasion d’ observer.

Merveilleux, comme toujours mais de plus en plus, votre style dans ces pages !

A vous deux bien affectueusement.

André

Dans Combat de jeudi un article par trop ignoble et bête de Saillet sur Rimbaud expliqué par l’exemple de Genet !…