Paris 11 rue Madame
Je vous remercie de votre dernière lettre, et de que vous m’avez dit à propos de l’emploi de ne dans la phrase affirmative.
Je vous envoie une citation extraite d’un livre de H.-G. Wells L’Île du Dr Moreau, dans lequel l’auteur s’efforce de mettre en scène un chirurgien qui s’efforce de transformer des animaux en êtres humains, mais n’y parvient qu’imparfaitement. erreur, cette erreur est peut-être sacrée… un peu comme celle que Dieu a commise en créant le monde. En tous cas sans cette « erreur » nous serions privés de tout ce que nous aimons.
J’ai lu avec beaucoup de joie et d’intérêt votre Préface. La joie pour le style merveilleux, l’intérêt pour les idées. Je ne peux encore me rendre compte de ce que sera la conclusion générale que Les Fleurs de Tarbes II. Appliquer la méthode scientifique à l’analyse d’un phénomène qui prétend inventer à tout moment ses lois, me paraît une entreprise passionnante, héroïque, mais qui risque d’aboutir à l’anéantissement de son objet. Après tout pourquoi pas ?
Une seule remarque au passage : en assurant que si l’enfant invente une image pour désigner une chose, c’est qu’il ignore le mot qui lui est réservé, il me semble que vous faites bon marché de ce qu’on nomme la
Peut-être pourrait-on également vous taquiner en vous faisant remarquer que vous considérez comme hors de la critique la position dualiste au regard de laquelle la chair et l’esprit, le mot et la pensée sont des entités tout à fait séparées, bien que devenues inséparables. Évidemment Rimbaud paraît avoir opté pour une position inverse lorsqu’il écrit : « Toute parole étant idée, le temps d’un langage universel viendra » (je cite de mémoire).
Mais moi je ne vous taquinerai pas à ce propos, parce que je ne sais plus du tout qui a raison.
Nous partons tout à l’heure pour Vendôme (Loir et cher) Hôtel du Lion d’or, où nous resterons sans
Pendant notre séjour à Paris nous avons reçu la visite de Michaux qui a voulu voir les toiles de Cassilda. Il m’a paru vraiment sincère en les admirant beaucoup, et en insistant sur leur originalité, ne pouvant les rattacher à une source quelconque. (Cassilda ignore elle-même d’ailleurs sa source, mais assure seulement qu’il s’agit de peindirigée.)
Nous serions heureux de savoir que Germaine est remise de la fatigue due à ses déplacements. Nous pensons bien à vous deux, et vous adressons notre affectueux souvenir.
Cassilda est bien heureuse car elle a appris que son beau-frère avait été relâché, ce qui est un vérittable miracle. Mais tout arrive !