Merci de votre lettre et de l’affection que vous m’avez témoigné. Vous savez tout ce que je peux désormais ressentir. Je ne veux pas vous parler de moi. Cassilda laisse de très belles toiles : celles que vous connaissez et d’autres que je compte vous montrez. Elle a toujours su et cru que nul autre que vous n’aviez si bien compris et aimé ce qu’elle avait tenté d’être et d’exprimer dans sa peinture. Et elle pensait toujours vous appeler le jour où elle aurait pu composer, malgré sa maladie, un ensemble digne de vous être montré.
Elle méritait plus qu’il ne lui fut accordé, malgré votre aide, et je n’ai pas réussi à ce que la pauvre enfant ait de son vivant suffisamment de cette joie
Je voudrais que sa mémoire obtienne ce qui lui est dû. Aidez-moi mon cher Jean. Vous seul le pouvez. Aujourd’hui je ne vous demande que quelques lignes dans le plus proche n° de la N. R. F. où je voudrais que vous annonciez la mort de l’artiste peintre Cassilda Miracovici (son vrai nom sous lequel elle avait finalement décidé d’exposer un jour) décédée à Paris le 2 novembre 1955. Vous pouvez dire qu’elle était ma femme, si vous le jugez nécessaire, rappeler son exposition de 1952 à la N. R. F. et annoncer qu’elle laisse une œuvre inédite qui sera exposée. (Je m’attacherai en effet à ce que le projet voit le jour.) Merci de tout ce que vous pourrez faire.
Je rentre à Paris dans 6 à 8 jours. J’aimerais vous revoir bientôt pour vous raconter tout ce qui est arrivé.
Affectueusement
— Nous avons brièvement annoncé le décès à Paris, le 22 novembre, de l'artiste peintre Cassilda Miracovici, âgée de cinquante-quatre ans. D'origine roumaine, devenue Française par son mariage avec A. Rolland de Renéville, elle avait fait en 1952 une exposition très remarquée à la N. R. F. Elle laisse des toiles non encore exposées que son mari s'emploiera à faire connaître, et qui sont d'une remarquable originalité.