Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre d'André Rolland de Renéville à Jean Paulhan, 1956-01-12 Rolland de Renéville, André (1903-1962) 1956-01-12 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1956-01-12 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
17 janvier 1956

11 rue Madame (6e)

Je suis désolé de vous savoir malade. J’ai téléphoné chez vous, mais la personne qui m’a répondu m’a fait savoir que vous ne pouviez recevoir les communications. Elle m’a donné toutefois de vos nouvelles. Je forme des vœux pour votre guérison rapide.

Merci de vous préoccuper de moi. Je suis dans l’état où vous m’avez vu, c’est-à-dire à demi mort, mais suffisamment vivant , hélas ! pour ressentir le plus affreux tourment. Je vois avec horreur un avenir possible de cette nature dont le terme m’est inconnu et dont on m’assure que je ne peux l’avancer sans les pires conséquences.

Existe-t-il une contradiction entre le fait que j’ai pu faire allusion à un absolu qui nous échappe, dans certains de mes écrits, et le fait que je ne sois pas en mesure de m’en approcher ? Je ne le pense pas.

En tous cas il n’est pas de mots ou d’idées qui puissent désormais changer quelque chose au fait que je suis comme un animal blessé à mort, et qui ne peut mourir, et dont on exige qu’il tente de penser à autre chose. Que ce ne soit pas noble de ma part, je pense que ce ne peut être là une appréciation faite de « L’expérience ». Lorsque qu’on atteint un point limite de souffrance, toute communication devient impossible. Et c’est pourquoi on meurt seul.

Mais je m’excuse d’être aussi décourageant pour mes amis. J’aimerais bien avoir copie du texte de Cassilda. Je voudrais bien savoir aussi quand vous le publierez. J’ai envoyé un mot à Arland pour le prier de me le laisser copier le jour qui lui plaira.

Dès que vous me direz que c’est possible, je passerai pour vous voir.

Mes affections pour vous deux.

André