Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre d'André Rolland de Renéville à Jean Paulhan, 1956-06-29 Rolland de Renéville, André (1903-1962) 1956-06-29 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1956-06-29 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
29 juin 1956

Pour qu’il eût été « à moi d’avertir Cassilda du malentendu au lieu de l’aggraver » selon votre propre expression, il eut fallu que j’eusse conscience qu’il existait entre vous et nous un « malentendu ». Or rien ne m’avait jusqu’alors (ni d’ailleurs maintenant permis d’observer que vous vous absteniez d’aller aux vernissages (par exemple de Fautrier ou de Michaux), ni que vous cessiez brusquement d’apporter votre aide aux peintres sur lesquels vous aviez décidé d’écrire, au moment même d’écrire sur eux.

Ce que je crois, pour l’avoir observé, c’est que vous êtes parfois animé par un goût de décevoir qui peut faire suite à un mouvement généreux, de sorte qu’il peut vous paraître très injuste qu’on vous le reproche, au lieu de s’en tenir à ce premier mouvement, dont il est naturel que vous préfériez vous souvenir.

J’ai eu, je vous l’assure, le sentiment que ce goût de décevoir s’était particulièrement exercé à l’égard de Cassilda et s’était même perpétué après sa mort, dans le fait que vous ayez pris l’initiative de me proposer de publier dans la N. N. R. F. un conte d’elle, pour ensuite n’en rien faire. Mais là, vous n’avez pas fait de la peine qu’à moi, et même j’ai sans doute eu tort de me réjouir de votre proposition, car ma femme, qui n’avait pas d’ambition littéraire, ne m’eut sans doute pas approuvé de l’accepter. Elle n’attachait d’importance qu’à sa peinture.

Je ne vous parle ainsi que parce que vous m’avez toujours prié de tout vous dire. Et il est vrai que l’amitié ne peut vérittablement exister qu’à ce prix. Je demeure touché du regret que vous me dites éprouver de tout cela, et il est bien vrai que nous n’y pouvons plus rien.

André