Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Jean Paulhan à Julien Lanoë, 1928-09-04 Paulhan, Jean (1884-1968) 1928-09-04 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1928-09-04 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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4 septembre 28 Cher Monsieur,

je regrette bien vivement que votre plaquette soit condamnée à ne pas voir le grand jour : vous mettez le doigt sur l’unique problème littéraire qui soit digne d’intérêt et vous faites à une découverte considérable, exprimée avec une vigueur parfaite, un sort obscur et confidentiel dont elle est mal récompensée. Je suis d’accord avec vous bien plus que vous ne pensez, beaucoup trop même, car je trouve votre titre et votre conclusion infiniment trop modestes. « Sur un Defaut de la Pensée Critique » dites-vous. Mais c’est plutôt « sur l’inanité de toute critique littéraire » qu’il aurait fallu dire ! Vous dites très bien que personne n’est juge des intentions profondes d’un créateur, surtout pas le créateur lui-même ! C'est donc trop peu que le critique soit prudent – qu’il se taise ou se fasse créateur lui-même ! C'est vexant d’en revenir à Wilde et à « Intentions » - tout démodé que vous paraissait cet ouvrage... mais Wilde a raison.

Je vous remercie de l’envoi cordial que vous m’avez fait de cet article si remarquable ; j’y suis très sensible et je vous prie d’être assuré de mes sentiments très dévoués et sympathiques

Julien Lanoë

Je médite en ce moment une conférence que l’on m’a demandée sur le crépuscule du romantisme. Je parlerai en particulier de Lautréamont et me permettrai de citer plusieurs passages de votre plaquette qui me seront très utiles.