Je voudrais que tu répondes nettement à ceci : lorsque tu as lu Antarès, et lorsque tu l’as relu, et anjourd’hui encore, quand il t’arrive d’y penser, l’as-tu rapproché, le rapproches-tu du Grand Meaulnes ?
Mais je demande plus encore. Tu sais qu’il n’est, je crois, aucune phrase d’Antarès qui ne soit « vécue ». Oublie-le ; fais-toi lecteur ordinaire, ou critique du Petit Parisien, et dis-moi si tu songes à Fournier et pourquoi.
Peut-être ne te poserais-je pas ces questions si je ne me rappelais que voilà une dizaine d’années, Larbaud, qui parlait de mon premier livre, Terre Et., dans la nrf (à une époque où j’ignorais tout de Fournier – sinon son nom) écrivait à peu près : « Voici la reprise d’un chant qui s’était tu avec Alain Fournier. »).
Je ne peux « répondre » à la lettre que tu m’as écrite. Je ne l’ai pas tout à fait comprise. C'est à ton livre que je dois répondre, non à deux idées que tu en extrais, et qui me déroutent, soit qu’elles apparaissent ainsi arbitraires, sans terreau, fleurs de vase, soit au contraire que l’idée ne me fût pas même venue de les contester (peut-être même de les exprimer)
Non, je te le jure, le Soutine (qui est signé Soutin) est beau, très beau, beau comme un homme, beau comme un cerveau (un cerveau de peintre).
Un monsieur m’a dit l’autre jour, en me demandant l’adresse d’un restaurant, que de tous mes livres, qui d’ailleurs ne valaient rien, on pouvait tirer 4 pages, que l’on prendrait pour du Dickens. Ris ; je ris aussi – tu sens bien que je n’ai pas ri.