Voici les deux manuscrits que vous m'avez confiés, et une note sur le Margerit (décevant).
Quant à l' « Index de la Cruauté », il est, n'est-ce pas, franchement mauvais ? G.G. [Gaston Gallimard] l'ayant refusé, je ne pense pas qu'il soit utile que je fasse une note dessus ? C'est abominablement écrit, et, sous des allures révolutionnaires (ou se voulant telles), un tissu de banalités.
Bien entendu, dans l'intervalle de nos rencontres, n'hésitez pas à me faire [tenir?] tout manuscrit dont il vous arrangerait de me confier la lecture.
Une lesbienne de mes amis me demande de lui renseigner – s'ils existent – des ouvrages, techniques, romancés, clandestins ou non, sur le sujet. Mais les érotiques « classiques » ne lui paraissent accepttables, à elle et à ses consœurs, que dans la mesure où n'intervient aucun élément masculin : les « spécialistes » ont de ces exigences (ou préjugés…) A première vue, je ne vois que "Les deux gougnottes" de Monnier, - et encore y est-il fait précisément allusion au mâle. Cet excusivisme est bien ennuyeux (à tous les égards).
Considérant des nus photographiques, retouchés pour complaire aux [moroses?] policiers, je me disais que cette épilation atteint le but opposé à celui qu'elle se prétend. Chacun sait qu'en matière d'érotisme visuel, l'attrait n'est pas dans la chose vue , mais dans la chose dissimulée . En sorte que par un curieux mécanisme, le poil effacé devient plus obsédant qu'il ne le serait, visible.
Transposez la chose sur le plan de l'expression littéraire – cela ouvre de curieux horizons… (Je ne sais pas pourquoi je vous dis cela.)
Je n'ose plus, même pour vous dire ma gratitude, vous parler de tout cela : carte, Lourmarin, traductions, Reader's, etc. Il finit par me gêner de ne jamais trouver votre amitié en défaut…
À bientôt, n'est-ce pas ?