Voici l’Anamorphose et (ci-joint) ce que j’en pense. Vous me trouverez sans doute un peu sévère.
D’ici 2-3 jours, je vous enverrai copie de ma chronique pour la Table , sur les Causes , etc. Là aussi, il faudra me dire si quoi que ce soit vous choque.
Je suis un peu déçu : dans un de vos billets, vous me disiez : « J’aurai, je le crains, plus d’un service à vous demander ». Moi, je ne le craignais pas, je le souhaitais même : il me semblait que cela rétablirait un peu la balance entre nous. Et vous ne me demandez rien. Mieux : vous voulez encore me faire plaisir (je pense à ce que vous disiez à propos de Lourmarin). Tant mieux, il est vrai, si cela signifie que vous allez mieux…
À propos de Lourmarin : j’aurai, bien sûr, 37 ans en juin, mais pas officiellement . Officiellement, Gérard Delsenne n’aura que 35 ans en août. (Parfois je nous confonds…) Ce serait évidemment merveilleux de pouvoir passer là quelques jours, par exemple en juin, ou en août-septembre mieux encore.
Nous n’avons guère pu bavarder ce matin. (Mais Belaval est fort sympa
Je voulais vous dire ceci :
1°) Je suis assez vexé que Kerchove me dise « prétentieux », ce qui est absolument faux : je serais plutôt timide.
2°) C’est amusant qu’il ne m’ait pas reconnu, dans votre bureau. Je l’ai pourtant rencontré deux ou trois fois à Bruxelles. Son propos me confirme ce qui m’est rapporté depuis plus de deux ans : tout le monde, là-bas, sait que je suis ici. Mais je ne suis sans doute pas assez « intéressant » pour qu’on s’en préoccupe fort, officiellement. Car enfin je suis persuadé que si, depuis 46, on eût voulu me retrouver, ç’aurait été assez simple. Je n’en demeure pas moins prudent. (Au fait : en cas de réunion plénière des collaborateurs de Comœdia , je ne pense pas, n’est-ce pas, qu’il puisse y avoir de quiproquo, de rencontre fâcheuse ? Je ne crois connaître – ou avoir connu, avant – aucun de ceux que vous m’avez nommés. Mais je m’en remets à vous.)
3°) Pour Lang, oui, j’essaie de ne pas couper les ponts. Mais cela me semble difficile, maintenant. C’est surtout du point de vue matériel que j’aurais voulu y garder une porte de rentrée, parce que je ne sais pas toujours très bien où je vais, où j’irai après juillet. Tout très pénibles, je vous assure. Et si c’était à refaire, je ne sais pas si je pourrais. Si je n’avais pas eu une fille, je ne sais pas si j’aurais pu (à vous je peux bien dire que c’est sa pensée qui m’a retenu de me tuer, en 46, par lassitude, et par dégoût – et ajouter, par contre, que si j’ai repris un goût actif à ma propre existence, depuis un an, c’est pour beaucoup à vous que je le dois : quand je vous parle des services que vous m’avez rendus, c’est d’abord à celui-là que je pense, voyez-vous…)
Vous absentez-vous à Pâques, ou si je puis espérer vous voir un des ces jours-là ?
On pense un peu trop à un pastiche de Jean Paulhan. Je n’ai rien en principe contre le pastiche, mais la forme de celui-ci apparaît à la fois trop appliquée et trop lâche, et sa substance un peu mince. C’est souvent du J.P. [Jean Paulhan] sans contenu. (Les réflexions sur la maladie sont trop directement inspirées par la Lettre au médecin et par certaines des Causes, par exemple, ou celles sur la goutte de vin – p.24 – par la fin du Voyage en Suisse.)
Quelques maladresses gênantes. P.10 : « On pourrait se demander si n’importe quelle région épilée prête à pareil raidissement de l’être ».
Il faut ajouter que la seconde partie (après la p.30) corrige parfois l’impression d’inconsistance laissée par la première.