Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Claude Elsen à Jean Paulhan, 1950 Elsen, Claude (1913-1975) 1950-07-31 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1950-07-31 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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samedi, [1950] Cher Jean Paulhan,

(Excusez-moi, d’abord, de vous harceler ainsi, et ne retenez de tout cela que ce qui vous semble en valoir la peine.)Il y aurait peut-être matière à un « exercice de grammaire des idées » dans le manifeste Sartre-Merleau Ponty [Merleau-Ponty] du n° [numéro] de janvier des Temps modernes . Cela me paraît riche de confusions extrêmement subtiles (comme d’ailleurs la conclusion du papier de Villefosse sur Makronissos). Il ne serait pas question de faire de « politique » ni de traiter la question même des camps, mais de montrer ce que la dialectique que tout cela inspire est fort spécieuse. Qu’en pensez-vous ? (Je songe à quelque chose pour un prochain Lib. [Liberté] de l’Esprit )

Mon ami Gallet, rédac. [rédacteur] chef de « V », m’a convoqué d’urgence. Voilà reparaît, mensuellement, formule de certaines grandes publications américaines, genre Match mais en plus ambitieux, avec moins de reportages, d’actualité et de photos et plus de textes. Ils me demandent des papiers très « opinionés » comme ils disent (c’est ravissant, ce jargon américanisé). Par exemple une défense « percutante » (je cite, toujours) de l’art abstrait, ou d’un Dubuffet. Il n’est pas impossible qu’ils vous « contactent » également. Vous voilà prévenu.Ils m’ont montré – par exemple – une série de fort curieux dessins « freudiens » dont l’auteur restera innommé, étant, paraît-il, un « collaborateur » notoire, emprisonné depuis 44. Ces dessins seront sans doute présentés et commentés par Cocteau. Ils me proposaient de le faire, mais, bien que flatté, j’ai décliné (vous comprenez pourquoi).

Je suis un peu affolé, un peu débordé par tout cela.

Mais comment vont vos yeux ? J’aimerais beaucoup vous voir un moment, quelque matin prochain.