Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Claude Elsen à Jean Paulhan, 1950 Elsen, Claude (1913-1975) 1950-07-31 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1950-07-31 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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mardi soir [1950]

Oui, la nouvelle de N. [Noël?] Devaulx est belle, et mérite les Cahiers . (En la lisant, je l’imaginais inspirant – ou inspirée par – un ttableau du surréaliste belge Paul Delvaux, que j’aime assez et que vous connaissez évidemment, sans penser à la curieuse assonance des deux noms).Quant au manuscrit Urmuz – dont je vous reparlerai – il demanderait en tout cas à être sérieusement retravaillé (surtout la partie Ionesco), grouillant de fautes, impropriétés, etc. Ceci sans préjuger de son intérêt, surtout documentaire, me semble-t-il.

J’ai passé la journée avec ma femme et ma fille, que je revois demain (elles partent jeudi matin). Assez ému par ce revoir, je l’avoue, et autrement que je l’eusse imaginé : je croyais que ce dût être la rencontre de ma fille – c’est, en fait, celle de ma femme, dont le charme et le fidèle attachement m’ont beaucoup touché. Serais-je plus « sentimental » (et différemment) qu’on le dit ? Ou si c’est qu’un enfant grandissant nous devient plus lointain, plus étranger qu’on ne l’imagine ?(Ne m’en écrivez pas, n’est-ce pas…)Si j’en crois ma femme, il est, là-bas, notoire que je suis ici, mais il semble qu’on se désintéresse de mon sort (c’est tant mieux). Les miens, en tout cas, ne sont plus du tout inquiétés à mon sujet, depuis longtemps. Plusieurs opinions ont cours à mon sujet : je suis protégé par le parti communiste français (!), par Jean-Paul Sartre (!!), je fais la noce (!!!), ou – c’est le plus beau – je suis ouvrier gazier… (Cet ouvrier gazier me plonge dans le ravissement.)Je vous dirai, de vive voix, d’autres traits assez drôles.

À samedi, 11h., rue du Douanier – sauf avis de vous.

Votre amiClaude Elsen

(Ma femme est très émue – et reconnaissante – par l’amitié que vous m’avez donnée.)