Vous avez « senti » juste : P.P. [Paul Pilotaz] est un homme infiniment sympathique, avec quelque chose de frais, de pur, de net qui me touche beaucoup. Sa femme – que je connais depuis hier – est charmante. Et j’ai la plus vive amitié pour Ansoumany, le boy noir, personnage mi-animal mi-enfantin, avec le meilleur des deux (P.P. [Paul Pilotaz] n’y est pas pour rien.
J’ai fait samedi des débuts très remarqués dans l’alpinisme, en grimpant avec P.P. [Paul Pilotaz] au Roc du Vent (2.350m.) Il paraît que les amateurs non aguerris reculent en général devant les 50 derniers mètres. (rochers à pic). Il est vrai que P.P. [Paul Pilotaz] ne me l’a dit qu’après : la témérité est évidemment surtout affaire d’inconscience…
Hier dimanche, sommes allés à la croix du Vercors, qui est un haut-lieu, d’une émouvante beauté. En route, avons eu un entretien attachant avec un Dominicain plein d’intérêt.
Je crois avoir compris que jusqu’il y a dix ans, P.P. [Paul Pilotaz] souffrait d’un inhibition psychique (c’est au fond un timide par pudeur) dont B. Bernson l’a délivré en lui suggérant d’écrire. Ledit Bernson est un personnage curieux, un peu tourmenté lui-même,
J’ai aussi lié amitié avec un ravissant petit veau, le dernier né de l’éttable, qui passait pour farouche, mais m’a tout de suite pris en affection. (Il me le prouve en me passant sur les mains et les jambes la râpe à fromage qui lui tient lieu de langue.)
C’est très curieux,- me dit-on,- ce « pouvoir » que j’ai sur les bêtes.
Vous rentrerez le 15 ? J’attends avec impatience de vous revoir. Avec impatience aussi de connaître Marcel Arland.
Je cherche à interpréter – sans y réussir – votre rêve (touchant ma femme). Je sens pourtant en quoi il lui ressemble.
(Oui, Hellens est un peu triste…)
Je suis ici jusqu’à lundi (le 4). Ne m’y écrivez encore que si vous postez votre lettre avant jeudi : la transmission me semble peu rapide.
Le manuscrit P.P. [Paul Pilotaz] est au point. Titre définitif : « La part de ciel ».