Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Claude Elsen à Jean Paulhan, 1950 Elsen, Claude (1913-1975) 1950-07-31 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1950-07-31 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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mercredi [1950] Cher J.P.,

J’ai peut-être, en parlant d’identification du signe et de la chose signifiée, arbitrairement étendu à la peinture une notion propre à la musique. Dans sa (remarquable) Introduction à J.S. Bach , Schloezer dit que « l’œuvre musicale n’est pas le signe de quelque chose, mais se signifie elle-même : ce qu’elle me dit, elle l’est, son sens lui étant immanent ». Il me semblait possible de considérer la peinture de la même manière – et que c’est à quoi tendait Malraux en parlant d’art « devenu son propre objet ». Pour ce qui est de la métaphysique : il en est une formellement incluse (et souvent explicitement formulée) chez un Goya, ou un Greco, ou un Grünenwald, alors qu’elle est beaucoup plus implicite chez Braque (vous dites vous-même : « voyez ses écrits  », qui, en effet, disent ce à quoi seulement se réfèrent ces ttableaux). Il me semble que Gauguin marquerait assez bien le passage d’une attitude à l’autre.

Oui, je vous avoue que je n’ai pas reconnu la Belgique que je connaissais, à travers les récents événements. J’ai n’ai jamais si bien senti la cassure qu’a marqué 1944-45 dans le cours des choses.

Pour Homo Eroticus  : il me reste 2-3 chapitres à écrire. Il y suffirait de 8 ou 15 jours pendant lesquels je n’aurais rien d’autre à penser. Si G.G. [Gaston Gallimard] vous en parle, vous ennuyerait-il de lui dire que ce retard est dû 1° aux vacances que j’ai prises en juillet (et aux quelque dix jours que je vais passer chez Pilotaz à partir du 20), 2° à la nécessité de mener à bien, simultanément, d’autres travaux « alimentaires ». Si cela vous ennuie, dites-le moi : je pourrais – si vous le jugiez utile – écrire moi-même à G.G. [Gaston Gallimard], que je ne voudrais pas indisposer. Je compte bien en finir en septembre. Ce retard, est-ce grave ?(J’ai sans doute accepté trop de travaux dans un délai trop limité. Mais il fallait bien assurer mon pain quotidien durant les mois « creux » de l’été.)

Je suis impatient de parler avec vous de cette idée de « cours par correspondance »…

Pour le reste, j’essaie de secouer mon atonie…

Votre amiClaude Elsen