Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Claude Elsen à Jean Paulhan, 1951 Elsen, Claude (1913-1975) 1951 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1951 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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samedi [1951] Mon cher Jean,

Vous avez décidément le génie de l’amitié… Oui, j’étais assez mal en point mardi (et toute cette semaine), physiquement et moralement. Cela s’accompagne chez moi, d’instinct, d’un bizarre souci de n’en rien laisser voir, qui me rend un peu « grinçant ». Mais devant des amis comme vous, ou Paul et Lily P. [Pilotaz], toutes ces défenses (involontaires) tombent. (Elles tiennent, je crois, à ce que je déteste ennuyer  : connaissez-vous l’histoire, contée je ne sais où par Montherlant – excusez-moi – de l’homme qui, se sentant pris de malaise en public, et proprement en train de mourir, s’en excuse auprès des gens qui s’affairent autour de lui, et dit avoir honte du dérangement qu’il leur cause?)Je suis un peu accablé par la confusion des affaires auxquelles je suis mêlé, l’ « embouteillage » qu’elle provoque, et l’incertitude matérielle qui en résulte sans que j’en voie la fin. Ajoutez que, depuis 10 ou 15 jours, je suis physiquement assez mal en point (les nerfs, ces sacrés nerfs!). Ajoutez enfin que je prévois de désagréables complications sentimentales, dont je n’avais vraiment pas besoin. (J’ai horreur des « drames », quand je n’en suis pas le seul acteur…)

En fait, René D. n’a rien demandé à Orengo. Mais assurément il ressortait de son exposé (d’ailleurs plein de sens) qu’il ne se voyait à Opéra que nanti de plusieurs pouvoirs et d’un titre correspondant. Et j’ai peur qu’étant donnée l’euphorie qui y règne encore, une telle suggestion ne soit un peu hâtive. Je me demande s’il ne faudrait pas les laisser piétiner un peu, d’abord. Ils s’y emploient très consciencieusement. D’ici 2 ou 3 mois, ils pourraient bien ouvrir les yeux. (Mais ne sera-t-il pas trop tard pour « rattraper » ce qui aura été gâché ?Je crois que la politique de D. devrait être de « garder le contact » sans trop demander . C’est ce que je m’applique moi-même à faire. Vous pourriez nous y aider discrètement. (On tient grand compte de vos avis.)

Tout de même, je pense beaucoup à la nrf [Nouvelle Revue Française]… (Dans la mesure même où le journalisme , aujourd’hui, me semble dépassé, et un peu « pourri ».)

Bien sûr, je viendrai vous dire bonjour mardi matin, 11h30.

Je vous serre la mainCE