Je crois bien que vous avez raison,- quelle que soit la tentation d’échapper à la servitude du « second métier » (à l’énorme perte de temps et à la fatigue physique qui en sont la rançon). Ce qui d’ailleurs, jusqu’ici, me retient d’adopter cette méthode et me fait accepter des travaux sans (grand) intérêt, c’est seulement la nécessité d’arrondir un peu mon salaire de correcteur.
Nous parlions de Graham Greene. La Gazette des Lettres d’aujourd’hui, Réforme de jeudi prochain passent deux papiers de moi, sur lui, qui vous diront la nature de mon intérêt pour lui. Si vous ne voyez pas ces journaux, si la chose vous intéresse, je vous les enverrai.
La dialectique communiste, me semble-t-il, montre assez bien par l’absurde ce que pourrait être une « grammaire des idées ». Mais vous l’avez parfaitement indiqué dans La Paille . C’est un peu dans le même sens (sans bien entendu s’en tenir aux thèmes de ladite dialectique) que je songe à quelque chose pour Liberté de l’Esprit , et que notre dialogue – ah, j’en serais bien heureux, et flatté – pourrait se concrétiser. Il me semble qu’il y aurait tant à dire, par exemple, sur ces idées de patrie, de guerre, de paix, de trahison, de parti, de justice, etc., mortellement ambiguës. Et de même sur le plan des idées « privées » : en ce qui concerne l’amour par exemple. Je sais que vous avez été sensible à ma tentative de mise au point, en ce sens, dans cet Homo eroticus de la « Table Ronde » qui fut à l’origine de notre rencontre,- et l’un des objets du livre que je voudrais écrire sur ce thème serait, justement, de débrouiller quelques unes des confusions de la grammaire des idées (et des sentiments) sur ce plan-là.
Il faudra que nous en reparlions.
Merci de votre gentille insistance auprès de M. Hirsch. (J’espère qu’il m’enverra, en tout cas, la Pléiade de Picon.)
(J’ai reçu un chèque de 3.000 fr. [francs] d’Évidences . Cela me paraît fort honnête – et rapide. M. Baudy me demande de lui téléphoner, sans doute pour d’autres papiers. Pourquoi pas?)