Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Claude Elsen à Jean Paulhan, 1955 Elsen, Claude (1913-1975) 1955 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1955 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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vendredi soir [1955] Mon cher Jean,

Lovecraft  : il y a des années que j’ai lu ses livres en anglais et n’ai plus un souvenir très précis de ceux que Papy n’a pas (encore) traduits pour Denoël. Au reste j’ai peur que tous soient bien longs pour être publiés en une fois dans la nrf [Nouvelle Revue Française]. Enfin, Denoël (et Papy) n’ont-ils pas des vues (et des droits) sur les inédits en France ? Vous pourriez peut-être en toucher mot à Nourissier, à Kanters ou à Papy lui-même. Il va sans dire que je vous traduirais volontiers tout texte qu’il vous conviendrait de me confier – qu’il soit de Lovecraft ou d’un autre.(J’ai eu entre les mains jadis, chez Plon, un volume de nouvelles plus ou moins fantastiques de Henry James, encore inédites en français je crois. Est-ce que l’une d’elles ne vous intéresserait pas ? Mais comment avoir le volume original, dont j’ai oublié l’éditeur?)

À défaut d’Amiot-Dumont, les Éditions de Paris s’intéresseraient peut-être à cet ouvrage sur les colonies, dont vous me parlez. Je suis en rapports avec cette maison, pour laque [laquelle] je riraïte [rewrite ] un livre sur le Japon – à la demande de son (jeune) directeur, Jean-Luc de Carbuccia. Vous pourriez donc me confier cet ouvrage.

Ce riraïting [rewriting ] japonais est un gros travail, qui m’est tombé dessus à l’improviste, venant s’ajouter à mes autres besognes « alimentaires ». C’est vous dire qu’une nouvelle fois j’ai dû renoncer à tout travail personnel, ne pouvant m’offrir le luxe de refuser les travaux « payants » qu’on me propose.C’est la deuxième ou la troisième fois que les choses se passent ainsi depuis six mois. Chaque fois, je me rends compte qu’il est absurde, dans ma situation (matérielle), de faire des projets, de vouloir faire œuvre personnelle – puisque, chaque fois, mes velléités sont tuées dans l’œuf. Je dois, me semble-t-il, avoir la sagesse de ne plus penser à tout cela – fût-ce avec un peu d’amertume…

Nous vous embrassonsClaude