Il y a, dans le petit Monnier que vous m’avez donné, un trait qui va plus loin que l’amusette, peut-être : c’est l’observation de l’actif pouvoir érotique des images mentales et des mots, des « vilains mots » que l’une des « Deux Gougnottes » invite l’autre et l’amène à prononcer.
L’idée d’un théâtre érotique serait d’ailleurs curieuse à creuser, plus encore qu’un cinéma. Bien entendu, je le verrais moins sommaire dans son esprit que les piécettes de Monnier… Tout de même que le caractère enfantin (si j’ose dire) des films de cette sorte les rendait tout à fait inefficaces, et plutôt bouffons.
Mais je vais essayer de m’occuper du petit « traité » que vous savez.
Je pense aussi à ce « Point de vue de l’Objet » dont nous avons parlé pour un futur cahier de la Pléiade (Simone de Beauvoir m’y incite).
Le papier au cheval filigrané est si séduisant que je n’ose pas l’utiliser…
Je me suis informé : le Figaro paie ses collaborateurs le 15 du mois suivant. Je m’étonnais donc à tort.
mercredi prochain, entre 17 et 18h , rue de l’Université. Je pourrais en profiter pour passer, avant ou après, rue Sébastien-Bottin – au sujet des livres que vous savez (Sartre, Bloch-Michel, Cioran, Beauvoir). Qui dois-je demander ? Vous-même ? Dominique Aury ? Ou qui ?
Nous avons vaguement parlé d’un Michaux pour le Figaro littéraire . Si ce projet vous séduisait toujours, moi je ne demande pas mieux.
P.S. Si vous y pensez, signalez à D. [Dominique] Aury que je parle, dans la prochaine Table , du livre de Gusdorf (La Découverte de Soi ) : nous avions convenu que je la déchargerais de ce soin.
P.S.2 – Je fais lire autour de moi le petit Monnier. « Les Deux Gougnottes » ont beaucoup de succès. C’est, je crois, que l’élément érotique y est amené et non point brutalement plaqué. Le mécanisme est un peu celui des « burlesques », où une conclusion connue d’avance prend son efficacité du fait qu’elle est savamment retardée. (Et je m’aperçois que le trait que je vous disais – les « vilains mots » provoqués – ne laisse pas indifférent.)