Plus je réfléchis à cette éventuelle publication en volume de mes articles de l’Express, moins je la trouve opportune. Ces textes ont été écrits pour un journal, ce qui devait leur faire pardonner d’être si brefs, si hâtifs, si vulnérables. J'avais là l’occasion de dire rapidement quelques petites choses que je ne crois pas inutiles. Je l’ai fait. Je ne le regrette pas.
Mais, en livre, cela serait d’un effet tout différent, et, à mon avis, beaucoup plus discutable, pour ne pas dire catastrophique. Sincèrement, qu’en-pensez-vous ? J'aurais l’air de présenter ces réflexions partielles (et un peu sommaires) comme un résumé complet de mes « théories », ce qui n’est malgré tout pas le cas...
Je vous remercie beaucoup, néanmoins, de votre proposition d’en parler à Gaston Gallimard. De mon côté, séduit d’abord par cette perspective, j’avais demandé à Jérôme Lindon ma liberté pour cette plaquette. Il me l’a accordée. Je suis donc libre de vous le donner pour les Editions Gallimard. Mais c’est en y réfléchissant, ensuite, que l’entreprise m’a paru plutôt mauvais...
Ou alors il faudrait que j’y ajoute un
De toute façon je ferai ce que vous me conseillerez.
Je passerai à la N.R.F. un très prochain mercredi et nous en reparlerons, si vous voulez. Je reste, en attendant, votre fidèle
L'édition en volume aurait cependant un avantage : celui de rétablir le texte original. Profitant de son absence de Paris, l’Express, mardi dernier, m’a encore changé mon titre (et pour quoi !), a une fois de plus collé des sous-titres absurdes, et même a carrément supprimé les deux premiers paragraphes, sous prétexte que la longueur de l’article dépassait celle fixée par nos conventions. Le début en est ainsi rendu incompréhensible.
Mais le dessin de Maurice Henry est très drôle, quoique sans grand rapport.