Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre d'Alain Robbe-Grillet à Jean Paulhan, 1957 Robbe-Grillet, Alain (1922-2008) 1957 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
1957 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Français
Paris-mercredi [1957]

Robbe-G

Cher Jean Paulhan

Voilà plusieurs fois que je tente en vain de vous voir à la NRF. Aujourd’hui on me dit que vous êtes souffrant. Rien de sérieux, j’espère ?

Merci de votre carte du Cantal. Oui je suis en pleins travaux à Neuilly : non seulement de peinture, mais de la grosse menuiserie (je fais le plus de choses possible moi-même : rayonnages à livres et placards). Je ne manie plus que le robot et la scie et n’ai pas une minute pour penser à un nouveau roman, bien entendu. Je ne sais pas du tout faire plusieurs choses à la fois. Même la nuit, maintenant, je rêve de planches et de tasseaux !

J'ai envoyé aussitôt la Jalousie à André Lhote. Depuis quelques semaines il semble que le ton de la critique tourne un peu en ma faveur, voilà même Gérard Bauer qui se déclare intéressé. Mais je ne vous ai pas vu depuis la parution de la note de Lefebvre : elle est bonne, n’est-ce pas ? Avez-vous lu les pages dactylographiées remises à Dominique Aury par cet américain nommé Morrissette, spécialiste du Faux-Rimbaud, qui fait une étude, une très vaste étude, sur La Jalousie ? Cela se rapproche beaucoup des points de vue de Lefebvre et de Jaccottet, plus détaillé naturellement. Je crois que ça vous plaira. J'ai hâte de lire l’ensemble : je vais sûrement apprendre des tas de choses sur ma façon 'décrire. Et vous savez à quel point ce sujet me tient à coeur !

Comme vacances, j’ai juste pris quelques jours en bretagne, pour aller soigner ma collection de joubarbes et de saxifrages. Je leur ai transporté cette année des rochers de près d’une demi-tonne. Ca leur a fait très plaisir.

Le reste de l’été, je le passe à Neuilly. Mais cet appartement me plaît tant que le travail m’y semble bien plus joyeux que tous les bains de mer du monde.

A vous, très amicalement

Alain