Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Barbara Church à Jean Paulhan (12 décembre 1956) Church, Barbara (1879-1960) 1956-12-12 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1956-12-12 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)<br />
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Français

Carte : Aigle américain [United States of America 1956] 

Merry Christmas

From Barbara Church [imprimé en lettres gothiques de fantaisie] [sic]  

4) 12.12.56

Cher Jean

pas sure  [sic]. M. T.Marthe Ternand, 1888- ? est contente du résultat, beaucoup de monde est venu, elle a vendu, elle m’a envoyé l’affiche qui est jolie – j’aime bien sa nouvelle manière “les Graffitis

Bien à vous

Barbara 

[À l'envers, en haut de la page]

Embrassez Germaine pour moi, je lui enverre [sic] un message à elle, une carte que je trouve drôle - peutêtre [sic] elle la fera rire un peu.

1)

New York est de nouveau sous le signe de Christmas – evidemment. Hongrie, l’Egypte sont encore des “news”Soulèvement de Budapest, 23 octobre 1956 ; fin de l’intervention franco-britannique à Suez, 6 novembre 1956. – mais Noël [sic], les decorations [sic] des rues, des boutiques, les cadeaux semblent absorber l’activité, les pensées d’abord, pour le moment. On est pressé ici, on veut que les choses s’arrangent promptement et le Moyen Orient est devenue, redevenue [sic] de ces insolubles [sic]. Je me defend [sic] tous les ans contre cet envahissement joyeux, mais je succombe rapidement. Même Harry qui n’aimait pas l’optimisme à date fixe se rendait. Il y a un poème de T.S. Eliot sur la cultivation [sic] du Christmas TreeThe Cultivation of Christmas Trees, 1956. : “ la fête qu’il faut accepter comme un evenement [sic] et pas du tout comme un pretext [sic] , que la reverence [sic], la gaieté ne soient pas oubliées dans les expériences qui reviennent, que les mémoires accumulées d’émotions annuelles soient concentrées dans une grande joie, dans une grande peur” etc. Un court poeme  [sic]  dans une jolie édition de Farrar, Strauss and Cudahi que beaucoup achètent pour envoyer aux amis comme Cartes de Noël [sic] . C’est dédié aux enfants qui croient, qui ont peur, fraichement [ ?], joyeusement et "parce que le commencement doit nous rappeler la fin, la première arrivée la seconde”. Facile, optimiste, bien sure [sic] – mais quand même –

Comment allez-vous ? J’espère bien, du moins physiquement, autour de moi beaucoup sont malades et on vient vers moi pour se raconter, parce que , croit-on, j’écoute avec sympathie en quoi on se trompe souvent [sic], je suis fourbue, vaincue, après une séance de plaintes, même courte, et j’ai de la rancune.

Moi-même, je vais bien, l’hiver est venu, le froid, même un peu de neige, nos appartements sont bien chauffés et j’aime le froid dehors sous un ciel bleu. Les promenades en campagne sont ravissantes. Même Laure Lévèque qui souffre du froid (son grand reproche contre le climat d’ici) en convient, m’accompagne souvent. Elle repartira le 4 Janvier vers Paris – c’est sa destinée d’être partagée entre Paris et New York moi aussi d’ailleurs et je n’ai pas le grand prétexte d’enfants.

Nous fêterons Noël ensemble traditionelle [sic] fête annuelle.

Il me semble que nous nous

3)

devons des lettres.

J’ai beaucoup aimé la vôtre à un jeune Partisan (vous pouvez m’enroler [sic] du bon coté [sic], du vôtre). Marrianne [sic] Moore aussi m’en a parlé avec enthousiasme – elle trouvait que la N.R.F. est devenue étincellante [sic]. Elle m’écrit souvent de son lit en ce moment, elle est souvent refroidie elle aime travailler couchée. Et elle travaille beaucoup, elle a publié un petit recueil de nouveaux poêmes [sic] “Like a bulwark”(que je lis, relis), elle fait des conférences, elle est toujours prete [sic] à se laisser consulter par les jeunes, elle aime son frère, qui le lui rend, elle écrit beaucoup de lettres, bien jolies – nous sommes de grandes amies, j’en suis heureuse.

J’ai envoyé des messages de Noël [sic] à beaucoup de monde, entre autre [sic] à Michaux, à Edith Boissonas [sic], à Ungaretti. M. Moore m’a envoyé une revue française, on parlait d’Ungaretti, de son prix de poésie internationalFondé en 1930, le Journal des poètes (Société des auteurs belges) a choisi Ungaretti en 1956 comme premier récipiendaire de son Grand prix des biennales internationales de poésie., on publiait plusieurs poèmes en retrospective [sic], elle aime Ungaretti, son lyrisme.

Avez-vous vu l’exposition de Marthe Ternand ? Bien sure [sic], aussi celle de Germaine Richier ? Encore

[Dessin de Fabrès]

Les trois Rois Mages arrivent à Noël [sic] à New York. Les chameaux sont dignes, l’agent plein de zèle, les rois avec leurs robes et couronnes apportent les cadeaux, le dernier doit être Nasser avec la caisse et une fausse barbe pour tromper la police – excusez-moi, ma chère Germaine – de blaguer, j’aimerai [sic] tant vous faire rire un peu.

J’ai bien ri quand j’ai vu cette ridicule carte pour la première fois.

Il fait hiver [sic ?], je vais bien, je suis trop occupée, mais c’est bien pour moi.

Laure Lévèque est à New York avec sa ville et les 2 garçons, qui sont grands et gentils, elle est heureuse d’être avec eux, mais rentrera à Paris le 4 Janvier après un séjour de 3 mois. Laure fait des courses avec moi – nous faisons des découvertes pour les amis, pour les cousins, on déploie une phantaisie [sic] inouïe dans ce pays pour les fêtes de Noêl [sic] et tout le monde joue. La ville est decorée, des arbres de Noêl [sic] partout, les boutiques étincellent, c’est du toc, du beau toc, bien finit [sic].

Je pense à vous, beaucoup, souvent, je vous aime et je dis comme la carte que toutes les joies de cette saison vous apparaissent possibles à tous.

Je vous embrasse, gardez moi votre amitié

Barbara 

[Imprimé en caractères rouges]

May all the joys

Of the Christmas Season be yours

[à la main] Joyeux Noël, Bonne année

Nous irons à l’Opéra ce soir, Laure et moi – elle viendra dîner et nous entendrons Maria Meneghini Callas[5], une nouvelle Chanteuse, belle, une voix remarquable, une actrice aussi une vraie, avec un tempérament à souhait – elle rend le public fou chaque fois– ce soir elle chantera Lucia di Lammermoore [sic] – la scène de la folle Lucia qui est un de ses plus beaux rôles [sic] et elle stimule tous les autres. Et nous mettrons nos belles robes. L’opéra et les theatres [sic] sont brillants et bon en 1956/5 nous serons bientôt en 1956.