Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Barbara Church à Jean Paulhan (1<sup>er</sup> janvier 1957) Church, Barbara (1879-1960) 1957-01-01 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1957-01-01 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)<br />
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Français
Le premier Janvier 1957

Cher Jean

C’est à vous, ma première lettre de 1957 – j’ai une plume qui marche toute seule, le papier lisse, acceuillant [sic], vôtre  [sic], lettre si gentille, si affectueuse, j’espère d’être à la hauteur, moi aussi.

Noêl  [sic] a été merveilleux, cette année encore, l’arbre plus grand, plus beau- Monique disait : “ C’est comme du temps de Ville d’Avray, un de vos Noëls fabuleux.”

J’aime bien le poête [sic], endormi du XI siècle, je vous envoie des fleurs, des canards, un étang aussi, de cinq siècles plus tard- Il font des choses jolies, les orientaux toutes en nuances d’où nos difficultées [sic], avec eux, peutêtre [sic]. Nous serrons [sic ?] les problèmes de plus et nous ne savons pas ou plus que le propre des problèmes est qu’ils sont problèmes – les définitions n’y changent rien.

Hier soir nous avons attendu Minuit, nous avons salué 1957 en buvant du Champagne, en nous souhaitant bonne année, la Radio faisait une description amusante de la joie du [sic] Times Square à Minuit et nous l’entendimes [sic], un immense cri de toute une foule – un cri bien beau, qui nous secouait, qui nous faisait croire que vraiment l’événements était important, que tout allait changer – ce pays qu’on accuse d’être trop pratique, trop materialiste [sic] croit dure [sic] comme fer aux illusions, aux fictions – cela fait plaisir quand même.

J’ai toujours pensé que l’église, la chapelle de Matisse (j’en ai vu une copie exacte au Musée de l’Art moderne à New York) etait [sic] une gageure et pas [illisible] . Harry a eu raison de ne pas acheter Matisse quand on pouvait le faire- mais je l’ai regretté un peu. Nous n’avons que la toile blonde dans mon salon vert à Ville d’Avray. Ici j’ai un magnifique dessin, un nu, fait avec des traits fins, beaucoup d’air, grand, éloquent, simple.

J’aime beaucoup votre vers imaginé pour Chagall [sic] – les oiseaux, Dieu et la littérature. Vous êtes poète – vous avez de la fantaisie, la capacité de la mettre en mots, vous êtes clairvoyant, juste assez et quand même belle composition. Ce que vous dites sur le vieillir m’a plu, naturellement, moi j’essaie de penser le moins possible, juste assez pour être honnete [sic] par moment avec moi-même, sans autre souci, je constate aussi parfois les avantages.

Fred est parti en guerre en Kabylie – Monique me dit que c’est encore un des endroits le plus tranquil [sic] – peutêtre  [sic]  Jacqueline se sentirait moins inquiète si vous lui répétez cela. Evidemment elle restera inquiète quand même. Dites lui aussi ma grande sympathie.

J’ai envoyé une carte de Noël à Ungaretti – je pense souvent à lui, à notre visite à Rome chez eux, avec eux, bien agréable – Harry etait [sic] content.

Je suis contente des bonnes nouvelles sur Edith Boissonas [sic]. Henri Michaux s’adonne à la mescaline, cela me fait rèver [sic] sans autre inquiétude – il est heureux en explorateur. Je me rappelle quand il m’a dit à Ville d’Avray qu’il se nourrissait d’aspirine, qu’il avait des moments agréables.

Je suis heureuse de savoir que vous vous êtes reposé un mois à Vence – vous en avez besoin de ces changements – Harry aimait les changements, il m’y entrainait [sic] et je continue. Merci pour les conseils ou les tuyaux sur la litterature [sic], j’aime qu’on m’en donne – j’essayerai de lire [illisible?] et surement [sic] les memoires [sic] de Jean Grenier dans le n° Février de la N.R.F.Ce n° contient le texte de Jean Grenier «  Visite à la ferme ». Je transmetterai [sic] vos messages à Marianne – elle vous admire aussi, trouve qu’une de vos vertues [sic] est votre amitié – en ce moment elle ne sort guère de son Brooklyn – il fait trop froid – mais nous nous écrivons souvent – au moins une fois par semaine – elle est gentille, attentive. Ces  [sic]

[Marge gauche]

Lettres sont amusantes toujours. Vous ai-je dit que mon départ pour la France est décidé pour le 25 Mai. J’espère que la gazoline ne sera plus rationnée à la fin Mai. Je pense toujours à vous, à Germaine, de tout cœur. Avec toute ma sympathie, avec reconnaissance, avec amitié. Je vous embrasse tous deux bien fort et je répète “Bonne année, bonne année, bon espoir”.

Barbara

[Marge droite]

J’ai écrit 3 lettres de Noël – très personelles [sic], sentimentales un peu. Je ne vous les enverrez [sic] pas ; à moi, elles m’ont donné un allegement, une detente [sic].

[Illustration japonaise, canards et roseaux]