Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Barbara Church à Jean Paulhan (11 août 1957) Church, Barbara (1879-1960) 1957-08-11 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1957-08-11 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)<br />
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Français
Dimanche 11 Aout [sic] 1957

Cher Jean

J’étais prise d’un grand regret après vôtre [sic] départ. Pourquoi ne vous-ai-je pas demandé de choisir parmi les pots, parmi les plantes ceux que vous auriez voulu [sic]  pour Germaine ?

Pas de raison valable – j’ai toujours – sans raison aussi - scrupule de prendre quelque chose dans sa serre sans Henry – je coupe rarement les fleurs même celles destinées à la maison – je n’y pensais pas. Et Dieu sait que je pense à Germaine, tout le temps.

Mais Jean apportera demain après-midi  ce que j’aurais du mettre dans la voiture hier, vôtre [sic] choix.

J’étais contente de vous avoir à la maison pour un moment, je suis ravie du petit tableau, je le secoue, je le tourne en tout sens – c’est chinois, abstrait, cela me fait rireSans doute un tableau de Yolande Fièvre (1907-1983), un oniroscope ? Voir https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/c5e97qd/rdq5jpG. Laurence aussi joue avec.

Et le livre est très beau comme édition – j’aime beaucoup Valéry LarbaudV. Larbaud est mort en février 1957. Cette année voit plusieurs publications importantes, dont celle de ses œuvres complètes en Pléiade, ainsi qu’un numéro d’hommage de La NRF., Harry comprenait bien ses nostalgies, ses déceptions. Je l’ai lu hier soir et ce matin très tôt. Merci de toutes vos attentions.  A. O. Barnabooth, c’est Harry – dit Laure.

Ce matin, comme souvent, je me suis réveillée tôt – il faisait très beau sur ma terrasse, le ciel un peu menaçant bien sure [sic]. J’aime beaucoup ma chambre, mes arbres, ma solitude à l’aube – les dérangeants dorment, sont supposés de dormir, je suis dispose, je prends ma plume (préférée), plus rien ne m’arrête.

Excusez-moi de vous avoir raconté toutes les choses tristes qui me sont arrivées, je n’aurais pas du [sic].

Aujourd’hui, nous aurons un dimanche tranquil [sic], sans vigiles, sans promenades. Jean se promenera [sic]  – a [sic] pied – avec Tignot [ ?].

J’ai un grand tas de lettres en anglais, en allemand devant moi – j’ai l’intention de repondre [sic]  – souvent mes intentions aboutissent à d’autres lettres qu’à des reponses [sic].

Sincerly [sic]  yours (c’est Wallace Stevens qui mettait invariablement ces deux mots à la fin de ses letters [sic])

Barbara

Et voici ma lettre à moi ce matin.

Deception Je suis decue J'attends trop Et naturellement La faute est à moi. Et je suis vaniteuse Comme tout le monde J'ai raison Humblement Mais j'ai raison Je dis : qu'importe Et cependant L'ennui s'agrippe Me blesse. Je ne crois pas Aux louanges Je le cherche Je suis ravie Quand on les dit. Ils sont faux, polis Tant pis Redites-les moi encore. Inutile d'y croire On ment toujours