J’étais prise d’un grand regret après vôtre [sic] départ. Pourquoi ne vous-ai-je pas demandé de choisir parmi les pots, parmi les plantes ceux que vous auriez voulu [sic] pour Germaine ?
Pas de raison valable – j’ai toujours – sans raison aussi - scrupule de prendre quelque chose dans sa serre sans Henry – je coupe rarement les fleurs même celles destinées à la maison – je n’y pensais pas. Et Dieu sait que je pense à Germaine, tout le temps.
Mais Jean apportera demain après-midi ce que j’aurais du mettre dans la voiture hier, vôtre [sic] choix.
J’étais contente de vous avoir à la maison pour un moment, je suis ravie du petit tableau, je le secoue, je le tourne en tout sens – c’est chinois, abstrait, cela me fait rire
Et le livre est très beau comme édition – j’aime beaucoup Valéry LarbaudLa NRF.
Ce matin, comme souvent, je me suis réveillée tôt – il faisait très beau sur ma terrasse, le ciel un peu menaçant bien sure [sic]. J’aime beaucoup ma chambre, mes arbres, ma solitude à l’aube – les dérangeants dorment, sont supposés de dormir, je suis dispose, je prends ma plume (préférée), plus rien ne m’arrête.
Excusez-moi de vous avoir raconté toutes les choses tristes qui me sont arrivées, je n’aurais pas du [sic].
Aujourd’hui, nous aurons un dimanche tranquil [sic], sans vigiles, sans promenades. Jean se promenera [sic] – a [sic] pied – avec Tignot [ ?].
J’ai un grand tas de lettres en anglais, en allemand devant moi – j’ai l’intention de repondre [sic] – souvent mes intentions aboutissent à d’autres lettres qu’à des reponses [sic].
Sincerly [sic] yours (c’est Wallace Stevens qui mettait invariablement ces deux mots à la fin de ses letters [sic])
Et voici ma lettre à moi ce matin.
Deception
Je suis
J'attends trop
Et naturellement
La faute est à moi.
Et je suis vaniteuse
Comme tout le monde
J'ai raison
Humblement
Mais j'ai raison
Je dis : qu'importe
Et cependant
L'ennui s'agrippe
Me blesse.
Je ne crois pas
Aux louanges
Je le cherche
Je suis ravie
Quand on les dit.
Ils sont faux, polis
Tant pis
Redites-les moi
encore.
Inutile d'y croire
On ment toujours