[Feuille au format « paysage »]
Les cartes, votre mot sont arrivés hier – merci - autre journée bonne, merveilleuse, cela devient monotone quand de partout on m’écrit qu’il pleut – peut-être ne vois-je que le bon côté - peut-être je deviens insensible aux temps mauvais – le beau temps seul est important.
[en marge, entouré d’un cercle]
Quand je lis le journal je commence par le temps qu’il fait, qu’il a fait, qu’il fera, je suis plus légère bien plus, - plus énergique , quand il fait soleil – et nous l’avons eu souvent. Harry pouvait m’écrire de longues pages sur la température, sur le mauvais temps, même en Italie, il se mettait en colère – quand il faisait beau il ne commentait pas.
Hier soir j’ai vu RosenkavalierDer Rosenkavalier (Le Chevalier à la rose), opéra de Richard Strauss, représenté pour la première fois à Dresde en 1911, puis à Paris en 1927.
J’étais avec une jeune nièce, Annemarie, 20 ans, elle ressemble à un Lucas CranachLucrèce.
Ce matin je dois faire mes paquets, je dois faire mes visites d’adieux, on m’en fera, demain encore un opéra (“ Figaro ”Les Noces de Figaro.
Je serai à Ville d’Avray le 3 septembre – je serai heureuse de vous voir chez moi le 6, un samedi, pour déjeuner et vous resterez le weekend, un long weekend j’espère - Jean vous cherchera le 6 à 11 h 45 chez vous. – Téléfonez [sic] à Paulette. Vous nous raconterez Windermere
Ou voulez vous faire jouer “Magie” ? Peut-être est-ce quelque chose qui donnera le change à nos inquiétudes de guerre, d’atomes, d’attentats, c’est gentil, juste assez effrayant pour nous déshabituer doucement de la peur habituelle.
Laure Lévèque ma chère pessimiste sera avec moi – mais elle m’a écrit des lettres gaies, elle est contente d’être avec ses petit-fils, Antoine et Henry, qui travaillent avec acharnement pour être prêts à des répétitions d’examens en Septembre à New York.
J’aurai des visites Américaines mi-Septembre, les Minton’s qui viendront d’un voyage en U. R. R. S. en avion – leur dernière etappe [sic] sera Helsinki – Bruxelles – Ville d’Avray.
Peut-être irai-je les rejoindre à Bruxelles
Et j’aime les cirques. Il y a parait-il [sic] un étonnant hippopotame, qui parle, chante, fait des choses surprenantes.
Mes cousins Américains, les Minton’s partiront en Amérique le 27 Sept. En avion, moi le 10 Oct. sur Liberté.
Je serai tellement contente qu’Edith Boissonas [sic] redevienne bien portante. Comme avant – avec tous ses efforts – d’être soucieuse seulement de poésie, de son succès, elle ne peut s’empêcher d’être angoissée – c’est peut-être un atout dans la recherche, dans l’inspiration, mais son inquiétude est manifeste et se communique.
Je suis contente que vous aimez [sic] les cartes, Wallace Stevens en raffolait
Je vous embrasse tous deux
[quatrième feuillet : panorama ancien de la ville de Munich]