Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Jean Paulhan à Barbara Church (19 août 1956) Paulhan, Jean (1884-1968) 1956-08-19 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1956-08-19 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)<br />
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Français
19.VIII.1956

[8-23-56]

Chère Barbara

Mais vous ne me donniez pas votre adresse, et je n’ai pas pu vous répondre en Allemagne ! (merci de cette belle carte. Comme la vie en Bavière semble bouillonnante et constructive !)

Je suis venu passer deux jours à Brinville (que vous connaissez) chez Marcel Arland. Je ne puis, bien sûr, quitter Germaine plus longtemps. Votre lettre lui avait fait grand plaisir.

J'ai beaucoup songé à Henry, tous ces jours-ci. C'est que je reprends le « projet d’enchantement » que j’avais jadis écrit pour lui : les lettres à M. de Hohenau. Je le revois au bout de chaque phrase, et que de cho-

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ses seront sorties de ses silences. (Il y a là-dessus un mot de Tchouang-Tzeu : si tu ne parles pas, tout se dira.)

Où êtes-vous à présent, Barbara ? Je voudrais bien que cet été incertain, trop froid, ne vous déçoive pas trop.

Il a paru dans le Chasseur français, entre deux cents annonces de mariages, celle-ci :

Parents professeurs haute moralité marieraient fille 28 ans, brune, instruite, dotée à jeune homme bonne situation, culture genre N.R.F sentiments élevés. Bureau du Journal, 68f8.

Voilà qui donne du courage ; mais je voudrais bien lire les lettres des candidats.

Connaissez-vous bien l’œuvre de Germaine Richier ? Je voudrais vous mener quelque jour chez elle : c’est un sculpteur plus grand que Bourdelle et que Ro

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din. Sa dernière grande statue, la Montagne est faite d’un côté d’une sorte de caverne ou d’oeuf, de l’autre d’une pente de rochers. De ceci à cela, des pins abattus. Le tout, infiniment simple et pourtant mystérieux et qui fait songer, on ne sait trop pourquoi, à l’œuf d’où est sorti (dans les Traditions) le monde entier.

Pourquoi Henry n’est-il plus là pour la voir ? Ah, j’avais plus d’une raison de songer à lui ces jours-ci.

Mes enfants sont à Port-Cros. Je travaille. Est-il vrai que vous songiez à abandonner Ville d’Avray ? On en serait bien triste. A bientôt, Barbara. Germaine et moi vous embrassons fort.

Jean.