Transcription Transcription des fichiers de la notice - Lettre de Jean Paulhan à Barbara Church (août 1958) Paulhan, Jean (1884-1968) 1958-08 chargé d'édition/chercheur Société des Lecteurs de Jean Paulhan, IMEC, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1958-08 Fiche : Société des Lecteurs de Jean Paulhan ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)<br />
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Français
Samedi

[août 58]

Chère Barbara

Me voici rentré d’un pays, plus exotique que la Guinée ou le Sahara : attachant tout de même ; où j’ai vu cinq messieurs en habit de soirée jouer gravement, toute une veillée, au billard comme on le comprenait il y a cent vingt ans : au billard à poches, avec vingt et une billes. Où l’homme de la rue, si vous lui demandez le chemin vous accompagne gentiment vingt minutes, mais s’il découvre que vous ne savez pas l’anglais vous regarde comme un fou.

Grange over Sands est à la rencontre de la mer et du

lac de Windermere : prés salés (et moutons à tête noire ), longues grèves, et un air merveilleusement pur.

J'ai passé cinq jours près de Bertha, d’une Bertha affaiblie, mais vive et joyeuse de vivre. De quoi souffre-t-elle ? Eh bien (je crois) de ceci : sitôt qu’elle est seule, il lui semble que les gens sont ligués contre elle : ne pensent qu’à la voler ; à l’empoisonner ; à lui jouer de mauvais tours. Que faire à cela ? Peut-être la décider à vivre en France. Ou bien lui trouver une dame de compagnie. Je cherche.

Chère Barbara, je vous envoie un petit tirage à part, avec la vague crainte qu’il vous ennuie un peu, et je vous embrasse.

Jean.