Transcription Transcription des fichiers de la notice - Anniversariu Leca, Petru Santu 1924 chargé d'édition/chercheur Mathieu Laborde, laboratoire "Lieux, Identités, eSpaces, Activités" (UMR 6240 LISA) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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<a href="https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32695408m" target="_blank" rel="noopener">https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32695408m</a> 1924 Textes et images : domaine public
L'Annu corsu, p. 153.
Dans le droit fil du courant littéraire corse des années 1920 connu sous le nom de cyrnéisme, naissent parmi la ferveur des millieux intellectuels corses de cette époque, les créations manifestes et abondantes de Petru Santu Leca. Ecrites en langue corse, les principales nous sont parvenues fort heureusement. On les retrouve dans la revue littéraire <em>L'Annu Corsu</em>, pour laquelle il assume le rôle de secrétaire général en 1925 et de directeur en 1931, et aussi dans la revue méditerranéenne <em>L'Aloès</em> parue pour la première fois en mai 1914, où il endosse à la fois la double responsabilité de fondateur et de rédacteur en chef.<br /> <p>Béatrice Elliott, dans l'analyse qu'elle livre au fil du numéro 5 des <em>Cahiers du Cyrnéisme</em>, retient de la revue <em>L'Annu Corsu</em> qu'elle se démarque « par son indépendance absolue, par son amour du pays natal, sa compréhension profonde de tout ce qui est corse a fait beaucoup pour le développement de « l'Ile », pour le retour aux coutumes et à la tradition, et pour l'union, l'entraide et la fusion de tous ses enfants. Au point de vue littéraire, elle a su grouper d'excellents collaborateurs ».</p> <p>Le jeune Petru Santu laisse transparaître dans son écriture une imprégnation toute lamartinienne, revêtue du seing des <em>Méditations poétiques</em>. Il a goûté les écrits du poète, ses allusions mythologiques, ainsi que la versatilité des tonalités élégiaques ‒ tour à tour heureuses puis tristes ‒, l'angoisse face à la mort aussi. Le genre se remotive par la grâce des paysages qu'il invoque avec simplicité. Le flambeau et la joie du poète s'éteignent sur une note douloureuse dans <em>L'enfant morte pendant le siège, Méchante, Sois heureuse</em>. Il ne congédiera pas pour autant la Muse, qui parvient des années encore après cet épisode de tendre mélancolie, à le ravir vers d'autres sources d'inspiration. Dans <em>Gloire au désir, Vibrations</em>, <em>Mélancolie</em> et <em>Souvenir, </em>il se laisse éprendre d'une passion très sensuelle, ou au contraire très pure dans <em>Glanes,</em> <em>Le passé vivant, Nocturne, Mon cœur, mon pauvre cœur…, Amore, Cantu d'amore</em>.</p> <p>Un état de conscience douloureux, de tendresse et de regrets mêlés, parcourt bon nombre de ses poésies : <em>Nuit Corse</em>, <em>Mon cœur, mon pauvre cœur…, Anniversariu, Notte in lu mulinu, Tempi passati. </em>La nostalgie que soulève l'écriture, naît d'une situation d'attente, d'un impossible retour des instants passés, d'une réalité venue contrarier les attentes de sa mémoire de jeunesse.<br /><br />Le poème<em> Anniversariu</em> qu'il dédie à sa mère, laisse résonner la plainte forte d'une lamentation. Il le rédige dans la nuit du 9 septembre 1922 en hommage à la mort de son père Antoine-Dominique. </p> Corse Dans le droit fil du courant littéraire corse des années 1920 connu sous le nom de cyrnéisme, naissent parmi la ferveur des millieux intellectuels corses de cette époque, les créations manifestes et abondantes de Petru Santu Leca. Ecrites en langue corse, les principales nous sont parvenues fort heureusement. On les retrouve dans la revue littéraire <em>L'Annu Corsu</em>, pour laquelle il assume le rôle de secrétaire général en 1925 et de directeur en 1931, et aussi dans la revue méditerranéenne <em>L'Aloès</em> parue pour la première fois en mai 1914, où il endosse à la fois la double responsabilité de fondateur et de rédacteur en chef.<br /> <p>Béatrice Elliott, dans l'analyse qu'elle livre au fil du numéro 5 des <em>Cahiers du Cyrnéisme</em>, retient de la revue <em>L'Annu Corsu</em> qu'elle se démarque « par son indépendance absolue, par son amour du pays natal, sa compréhension profonde de tout ce qui est corse a fait beaucoup pour le développement de « l'Ile », pour le retour aux coutumes et à la tradition, et pour l'union, l'entraide et la fusion de tous ses enfants. Au point de vue littéraire, elle a su grouper d'excellents collaborateurs ».</p> <p>Le jeune Petru Santu laisse transparaître dans son écriture une imprégnation toute lamartinienne, revêtue du seing des <em>Méditations poétiques</em>. Il a goûté les écrits du poète, ses allusions mythologiques, ainsi que la versatilité des tonalités élégiaques ‒ tour à tour heureuses puis tristes ‒, l'angoisse face à la mort aussi. Le genre se remotive par la grâce des paysages qu'il invoque avec simplicité. Le flambeau et la joie du poète s'éteignent sur une note douloureuse dans <em>L'enfant morte pendant le siège, Méchante, Sois heureuse</em>. Il ne congédiera pas pour autant la Muse, qui parvient des années encore après cet épisode de tendre mélancolie, à le ravir vers d'autres sources d'inspiration. Dans <em>Gloire au désir, Vibrations</em>, <em>Mélancolie</em> et <em>Souvenir, </em>il se laisse éprendre d'une passion très sensuelle, ou au contraire très pure dans <em>Glanes,</em> <em>Le passé vivant, Nocturne, Mon cœur, mon pauvre cœur…, Amore, Cantu d'amore</em>.</p> <p>Un état de conscience douloureux, de tendresse et de regrets mêlés, parcourt bon nombre de ses poésies : <em>Nuit Corse</em>, <em>Mon cœur, mon pauvre cœur…, Anniversariu, Notte in lu mulinu, Tempi passati. </em>La nostalgie que soulève l'écriture, naît d'une situation d'attente, d'un impossible retour des instants passés, d'une réalité venue contrarier les attentes de sa mémoire de jeunesse.<br /><br />Le poème<em> Anniversariu</em> qu'il dédie à sa mère, laisse résonner la plainte forte d'une lamentation. Il le rédige dans la nuit du 9 septembre 1922 en hommage à la mort de son père Antoine-Dominique. </p>

Anniversariu

A Mamma. manque 2 vers

Dumane, sô nov’anni, o mà, chi babbu è mortu. Ma cum’è ch’elle sô cusì tranquille l’ore, E ch’ellu canta u rusignolu in fondu a l’ortu, Quand’ellu pienghje e ch’ellu soffre lu me core ? Dighjà nov’anni ! Mi ricordu quella sera Piena d’affannu, di spaventu e di dulore. A bassa voce, tu dicii una prighera, E cu tecu prigava, o mà, lu nostru amore. Babbu più calmu ripusava in lu so' lettu. E lu silenziu inguttuppava lu paese. Ma eju sintia tamantu angoscia in lu me pettu Sulamente à guardà le care manu stese.

E strinsi quella sposta annantu a lu linzolu Dicendu pianamente : O bà, cumu ti senti ? - Mi sentu megliu ; vai à dorme u me figliolu… E po', per sempre, li so occhj funu spenti. Dumane, sô nov’anni, o mà, chi babbu è mortu. Ma cum’è ch’elle sô cusì tranquille l’ore, E ch’ellu canta u rusignolu in fondu a l’ortu, Quand’ellu pienghje e ch’ellu soffre lu me core ? Les deux derniers quatrains ne sont présents que dans la version parue dans L’Aloès .

Arburi,

In la notte di u 9 sittembre 1922.

L'Annu corsu , 1924, p. 153.

Repris dans L’Aloès , n°13, avril-mai 1923, p. 33.