Transcription Transcription des fichiers de la notice - Ninni nanna Leca, Petru Santu 1924 chargé d'édition/chercheur Christophe Luzi, laboratoire "Lieux, Identités, eSpaces, Activités" (UMR 6240 LISA) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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<a href="https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32695408m" target="_blank" rel="noopener">https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32695408m</a> 1924 Textes et images : domaine public
L'Annu corsu, p. 153.
Dans le droit fil du courant littéraire corse des années 1920 connu sous le nom de cyrnéisme, naissent parmi la ferveur des millieux intellectuels corses de cette époque, les créations manifestes et abondantes de Petru Santu Leca. Ecrites en langue corse, les principales nous sont parvenues fort heureusement. On les retrouve dans la revue littéraire <em>L'Annu Corsu</em>, pour laquelle il assume le rôle de secrétaire général en 1925 et de directeur en 1931, et aussi dans la revue méditerranéenne <em>L'Aloès</em> parue pour la première fois en mai 1914, où il endosse à la fois la double responsabilité de fondateur et de rédacteur en chef.<br /> <p>Béatrice Elliott, dans l'analyse qu'elle livre au fil du numéro 5 des <em>Cahiers du Cyrnéisme</em>, retient de la revue <em>L'Annu Corsu</em> qu'elle se démarque « par son indépendance absolue, par son amour du pays natal, sa compréhension profonde de tout ce qui est corse a fait beaucoup pour le développement de « l'Ile », pour le retour aux coutumes et à la tradition, et pour l'union, l'entraide et la fusion de tous ses enfants. Au point de vue littéraire, elle a su grouper d'excellents collaborateurs ».</p> <p>À son retour de guerre, Petru Santu Leca évoque la mort au front d'anciens amis comme Maurice Antoni ou Georges Gilly, que « la mitraille n'a point épargnés ». Au fil d'un <em>In memoriam </em>paru dans <em>L'Aloès,</em> il se remémore « <em>des âmes vibrantes, des cœurs ardents, des esprits généreux, toute une jeunesse magnifique morte pour la France pendant les 5 années qu'a duré la guerre »</em><a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>. Le poème <em>Ninni Nanna</em> parmi ses plus connus, s'attriste au souvenir pesant d'une Corse laissée exsangue, et privée des rires de ses enfants.</p> <p>Théo Lacuire, professeur au lycée de Nice, met en musique les poèmes de ses deux collègues et amis, Antone Bonifacio et Petru Santu Leca. Celui-ci le désigne d'ailleurs en des propos très élogieux parus dans le journal <em>La Corse</em> de Marseille<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[2]</span></a>: « [un] corsu di core e d'ispirazione ». De leur collaboration naissent les magnifiques chansons retranscrites dans le recueil <em>Frutti d'imbernu </em>d'Antone Bonifacio. Quant à celles de Petru Santu Leca, elles sont encore aujourd'hui présentes dans nos mémoires : <em>Ninni Nanna</em> enregistrée sur disque parlophone<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[3]</span></a>, connaît parmi toutes le plus grand succès populaire grâce aux interprétations de Lamy et de Tino Rossi.</p> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Béatrice Elliott, « Triptyque corse. Jean-Wallis Padovani, J.-A. Mattei Pierre Leca » in <em>Les Cahiers du cyrnéisme</em>, n°5, Marseille-Nice, Les éditions de l'Annu Corsu, 1935, p. 42.</p> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[2]</span></a> Le passage est reproduit dans <em>L'Annu Corsu</em> de 1925, p. 192.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[3]</span></a> <em>L'Annu Corsu</em>, 1934, p. 168.</p> <p></p> Corse Dans le droit fil du courant littéraire corse des années 1920 connu sous le nom de cyrnéisme, naissent parmi la ferveur des millieux intellectuels corses de cette époque, les créations manifestes et abondantes de Petru Santu Leca. Ecrites en langue corse, les principales nous sont parvenues fort heureusement. On les retrouve dans la revue littéraire <em>L'Annu Corsu</em>, pour laquelle il assume le rôle de secrétaire général en 1925 et de directeur en 1931, et aussi dans la revue méditerranéenne <em>L'Aloès</em> parue pour la première fois en mai 1914, où il endosse à la fois la double responsabilité de fondateur et de rédacteur en chef.<br /> <p>Béatrice Elliott, dans l'analyse qu'elle livre au fil du numéro 5 des <em>Cahiers du Cyrnéisme</em>, retient de la revue <em>L'Annu Corsu</em> qu'elle se démarque « par son indépendance absolue, par son amour du pays natal, sa compréhension profonde de tout ce qui est corse a fait beaucoup pour le développement de « l'Ile », pour le retour aux coutumes et à la tradition, et pour l'union, l'entraide et la fusion de tous ses enfants. Au point de vue littéraire, elle a su grouper d'excellents collaborateurs ».</p> <p>À son retour de guerre, Petru Santu Leca évoque la mort au front d'anciens amis comme Maurice Antoni ou Georges Gilly, que « la mitraille n'a point épargnés ». Au fil d'un <em>In memoriam </em>paru dans <em>L'Aloès,</em> il se remémore « <em>des âmes vibrantes, des cœurs ardents, des esprits généreux, toute une jeunesse magnifique morte pour la France pendant les 5 années qu'a duré la guerre »</em><a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>. Le poème <em>Ninni Nanna</em> parmi ses plus connus, s'attriste au souvenir pesant d'une Corse laissée exsangue, et privée des rires de ses enfants.</p> <p>Théo Lacuire, professeur au lycée de Nice, met en musique les poèmes de ses deux collègues et amis, Antone Bonifacio et Petru Santu Leca. Celui-ci le désigne d'ailleurs en des propos très élogieux parus dans le journal <em>La Corse</em> de Marseille<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[2]</span></a>: « [un] corsu di core e d'ispirazione ». De leur collaboration naissent les magnifiques chansons retranscrites dans le recueil <em>Frutti d'imbernu </em>d'Antone Bonifacio. Quant à celles de Petru Santu Leca, elles sont encore aujourd'hui présentes dans nos mémoires : <em>Ninni Nanna</em> enregistrée sur disque parlophone<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[3]</span></a>, connaît parmi toutes le plus grand succès populaire grâce aux interprétations de Lamy et de Tino Rossi.</p> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> Béatrice Elliott, « Triptyque corse. Jean-Wallis Padovani, J.-A. Mattei Pierre Leca » in <em>Les Cahiers du cyrnéisme</em>, n°5, Marseille-Nice, Les éditions de l'Annu Corsu, 1935, p. 42.</p> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[2]</span></a> Le passage est reproduit dans <em>L'Annu Corsu</em> de 1925, p. 192.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[3]</span></a> <em>L'Annu Corsu</em>, 1934, p. 168.</p> <p></p>

Sott’à lu ponte ci luce la luna...

E stelle in celu un ne manca manc’una

Dormi.

ln li castagni si lagna lu ventu,

U nostru lume sarà prestu spentu.

Dormi.

 

lnd’una casa - ma quale sarà ! -

Batte lu stacciu e si sente cantà

Dormi.

U jattu majô s’alliscia u mustacciu,

Pianta la voce, si cheta lu stacciu.

Dormi.

 

Un ghjagaru abbaghja, una sgiotta bela.

S’empie la stanza d’adoru di mela.

Dormi.

Dumane andaremu à la vigna induva

I fighi sò dolci e matura l’uva.

Dormi.

 

So’cinque mesi che nò semu sole.

A guerra ha pigliatu i babbi à e figliole.

Dormi.

Mi frighje lu core, un ne possu più.

Lascia pienghje a me stanotte, ma tu

Dormi.

Petru Leca