Transcription Transcription des fichiers de la notice - Cantu d'Amore Leca, Petru Santu 1925 chargé d'édition/chercheur Christophe Luzi, laboratoire "Lieux, Identités, eSpaces, Activités" (UMR 6240 LISA) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
http://eman-archives.org
<a href="https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32695408m" target="_blank" rel="noopener">https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32695408m</a> 1925 Textes et images : domaine public
L'Annu corsu, p. 87
Dans le droit fil du courant littéraire corse des années 1920 connu sous le nom de cyrnéisme, naissent parmi la ferveur des millieux intellectuels corses de cette époque, les créations manifestes et abondantes de Petru Santu Leca. Ecrites en langue corse, les principales nous sont parvenues fort heureusement. On les retrouve dans la revue littéraire <em>L'Annu Corsu</em>, pour laquelle il assume le rôle de secrétaire général en 1925 et de directeur en 1931, et aussi dans la revue méditerranéenne <em>L'Aloès</em> parue pour la première fois en mai 1914, où il endosse à la fois la double responsabilité de fondateur et de rédacteur en chef.<br /> <p>Béatrice Elliott, dans l'analyse qu'elle livre au fil du numéro 5 des <em>Cahiers du Cyrnéisme</em>, retient de la revue <em>L'Annu Corsu</em> qu'elle se démarque « par son indépendance absolue, par son amour du pays natal, sa compréhension profonde de tout ce qui est corse a fait beaucoup pour le développement de « l'Ile », pour le retour aux coutumes et à la tradition, et pour l'union, l'entraide et la fusion de tous ses enfants. Au point de vue littéraire, elle a su grouper d'excellents collaborateurs ».<br /><br />Le jeune Petru Santu laisse transparaître dans son écriture une imprégnation toute lamartinienne, revêtue du seing des <em>Méditations poétiques</em>. Il a goûté les écrits du poète, ses allusions mythologiques, ainsi que la versatilité des tonalités élégiaques ‒ tour à tour heureuses puis tristes ‒, l'angoisse face à la mort aussi. Le genre se remotive par la grâce des paysages qu'il invoque avec simplicité. Le flambeau et la joie du poète s'éteignent sur une note douloureuse dans <em>L'enfant morte pendant le siège, Méchante, Sois heureuse</em>. Il ne congédiera pas pour autant la Muse, qui parvient des années encore après cet épisode de tendre mélancolie, à le ravir vers d'autres sources d'inspiration. Dans <em>Gloire au désir, Vibrations</em>, <em>Mélancolie</em> et <em>Souvenir, </em>il se laisse éprendre d'une passion très sensuelle, ou au contraire très pure dans <em>Glanes,</em> <em>Le passé vivant, Nocturne, Mon cœur, mon pauvre cœur…, Amore, Cantu d'amore</em>.</p> <p><em>Cantu D'amore </em>paraît dans le numéro 17 de <em>L'Aloès </em>en juillet 1924, puis dans <em>L'Annu Corsu </em>un an après<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a>. Théo Lacuire le met en musique sous le titre <em>Ti tengu cara</em>. Elle sera interprétée par Jean Tavera<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>.</p> <p></p> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> <em>L'Annu Corsu</em>, 1925, p. 87.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> J. Fusina, <em>Ecrire en Corse</em>, Klincksieck, 2010, p. 71.</p> Corse Dans le droit fil du courant littéraire corse des années 1920 connu sous le nom de cyrnéisme, naissent parmi la ferveur des millieux intellectuels corses de cette époque, les créations manifestes et abondantes de Petru Santu Leca. Ecrites en langue corse, les principales nous sont parvenues fort heureusement. On les retrouve dans la revue littéraire <em>L'Annu Corsu</em>, pour laquelle il assume le rôle de secrétaire général en 1925 et de directeur en 1931, et aussi dans la revue méditerranéenne <em>L'Aloès</em> parue pour la première fois en mai 1914, où il endosse à la fois la double responsabilité de fondateur et de rédacteur en chef.<br /> <p>Béatrice Elliott, dans l'analyse qu'elle livre au fil du numéro 5 des <em>Cahiers du Cyrnéisme</em>, retient de la revue <em>L'Annu Corsu</em> qu'elle se démarque « par son indépendance absolue, par son amour du pays natal, sa compréhension profonde de tout ce qui est corse a fait beaucoup pour le développement de « l'Ile », pour le retour aux coutumes et à la tradition, et pour l'union, l'entraide et la fusion de tous ses enfants. Au point de vue littéraire, elle a su grouper d'excellents collaborateurs ».<br /><br />Le jeune Petru Santu laisse transparaître dans son écriture une imprégnation toute lamartinienne, revêtue du seing des <em>Méditations poétiques</em>. Il a goûté les écrits du poète, ses allusions mythologiques, ainsi que la versatilité des tonalités élégiaques ‒ tour à tour heureuses puis tristes ‒, l'angoisse face à la mort aussi. Le genre se remotive par la grâce des paysages qu'il invoque avec simplicité. Le flambeau et la joie du poète s'éteignent sur une note douloureuse dans <em>L'enfant morte pendant le siège, Méchante, Sois heureuse</em>. Il ne congédiera pas pour autant la Muse, qui parvient des années encore après cet épisode de tendre mélancolie, à le ravir vers d'autres sources d'inspiration. Dans <em>Gloire au désir, Vibrations</em>, <em>Mélancolie</em> et <em>Souvenir, </em>il se laisse éprendre d'une passion très sensuelle, ou au contraire très pure dans <em>Glanes,</em> <em>Le passé vivant, Nocturne, Mon cœur, mon pauvre cœur…, Amore, Cantu d'amore</em>.</p> <p><em>Cantu D'amore </em>paraît dans le numéro 17 de <em>L'Aloès </em>en juillet 1924, puis dans <em>L'Annu Corsu </em>un an après<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span>[1]</span></a>. Théo Lacuire le met en musique sous le titre <em>Ti tengu cara</em>. Elle sera interprétée par Jean Tavera<a href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span>[2]</span></a>.</p> <p></p> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span>[1]</span></a> <em>L'Annu Corsu</em>, 1925, p. 87.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span>[2]</span></a> J. Fusina, <em>Ecrire en Corse</em>, Klincksieck, 2010, p. 71.</p>

Stammi vicinu, un ti n’andà, ti tengu cara.

Soga un senti cum 'ellu trema lu me’ core ?

Da parecchj anni se' per me la perla rara,

S'avissi a vive senza te, bramu di more.

 

E nostre case sô di punta à la sulana,

Luce lu to' purtellu a lu spuntà di u sole.

So chi tu l'apri a lu sunà di la campana,

Capelli sciolti cume e donne di le fole.

 

Sto piattu appetu a l'olmu, e ti fideghju, e pari,

Cun li to' occhj neri e lu to' collu nudu,

Una di 'se madonne inquadrate a l'altari,

E pensu chi tu un poi avè lu core crudu.

 

Da chè ricordu i jorni scorsi, mi ramentu

D'avetti sempre quante avà tinutu cara.

Di cusi fidu e schiettu amore un mi lamentu

Parchè fu dolce la me’ vita e micca amara.

 

Un possu rispirà l'aria chi tu rispiri

Senza trimà di passione quandi u ventu,

Carcu di basgi, di canzone e di suspiri,

Porta dinò lu to' adoru e ch’eju lu sentu.

 

Sè fresca e pura quante l'alba appena nata,

Un rusulaghju se' fiuritu a tutte l'ore.

Dammi la rosa la più bella e più bramata,

Quella chi nasce e chi fiurisce in lu to' core.

 

T'aghiu dettu una sera, e cun l'angoscia in gola.

- Eramu soli a la funtana e gh'jera veranu -

Chi lu me' core sdrughje e cume mele cola

Quandi tu pigli la me’ manu in la to' manu.

 

Stringhjla forte, e tramindui in piena luce,

Ricchi di fede e di spiranze ghjà mature,

Uniti pigliaremu a strada chi cunduce

Versu li jorni calmi e le gioje sicure.

 

Stammi vicinu, un ti n'andà, ti tengu cara.

Soga un senti cum'ellu trema lu me' core ?

Da parecchj anni se' per me la perla rara,

S'avissi a vive senza te, bramu di more.