À Madame de Thémines.
Madame,
Parmi les plus ardents désirs de mes affections j’ai toujours affectionné le désir de vous servir, et rien que cette seule envie n’a ployé mes jeunes [ans] à l’usage des Muses, estimant de rapporter un jour de leur académie, sinon de la perfection pour aspirer à quelque grade de mérite, au moins n’en sortir pas si novice que je n’eusse de quoi mériter quelque rang dans le nombre de vos serviteurs. Si ma plume m’a aussi bien trompé que mon espérance, ne produisant à vos yeux, au lieu d’un printemps couronné des plus riches fleurs de la biendisance, que le silence d’un bocage amoureux, fertile seulement en ronces et en épines, rien pour parterres qu’un rabouteux discours. Vous en blâmerez la volonté de mon hardiesse, et non le but de ma volonté, puisque les effets d’une trop grande affection l’ont faite broncher à ce défaut : celle-là se reconnaissant aussi seule coupable, a eu recours à de[s] lettres de grâce, dont la bergère Perline, clair flambeau de cette pastorale, ainsi que vous l’êtes de ses plus chastes desseins, vous en fera la teneur, et celui-ci vous confirmera que je suis,
Madame,
Votre très humble serviteur,
Estival.