À Madame la princesse de Conti.
Madame,
C'est ici une nymphe sicilienne, qui vient du mont Éryx, où est ce temple si fameux, auquel on adore la déesse de la beauté. Sitôt que cette fille vous a vue, elle a couru se prosterner à vos yeux, trouvant en vous la même déesse vivante, dont elle soulait adorer l'image au temple sicilien. Elle a été, à la façon des nymphes, élevée parmi les fleurs, et ores par une continuation de son heureuse destinée elle s'adresse à vous, qui êtes la fleur des Grâces, des Muses et des Vertus. Or à l'aventure se trouvera-t-elle étonnée de voir cette brillante cour au sortir des forêts et des fontaines, mais ce n'est par aucune rustique incivilité : seulement d'une crainte modeste elle admire l'échange précieux de sa fortune, se trouvant à l'ombre des lys d'or, et des palmes de Palestine, aussitôt qu'elle perd de vue les myrtes de la Sicile. Ayez agréable, je vous supplie, le présent que je vous en fais, et la recevez, comme un témoignage du désir que j'ai d'être toute ma vie,
Madame,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
D'Ambillou.