À la reine.

Madame,

Le soleil éclatant de votre auguste Majesté a tellement ravi son amour un chacun de vos humbles sujets qu’iceux étant du tout retenus sous l’agréable fardeau de vos lois se persuadent facilement qu’il n’y a rien tant difficile qu’ils ne puissent surmonter sous la faveur de votre puissance. De sorte que non seulement les chefs plus remarquables de votre royaume ont leur principal appui sur la fermeté de la grandeur de votre courage plus que royal ; mais encore les plus basses personnes et de moindre qualité, volontiers se reposent à l’ombrage de votre Majesté, s’assurant par le moyen d’icelle de vaincre toute rencontre ennemie tant au corps qu’à l’esprit. Pour cette raison trois jeunes pasteurs non moins affectionnés au bonheur de votre royaume, que zélés au bien de leurs petits troupeaux, étant outre mesure attristés sur la mort de leur maître, et quasi comme oublieux de leur condition, désirent retenir avec votre constance une bonne partie de leurs larmes, et tempérer leurs regrets par la valeur de votre admirable vertu. La bienveillance accoutumée de votre Majesté ne leur promet autre chose que toute douceur et bon accueil, ni moins à celui qui est

Votre très humble, très obéissant, et très obligé sujet,

E. G. T.