À très illustre et très religieuse princesse Madame Renée de Lorraine, abbesse de Saint-Pierre de Reims.
Madame,
Ce grand philosophe Themistius rapporte, que toutes quantes fois qu’il s’était approché de la majesté de son empereur Constance, il se sentait épris d’une ardeur beaucoup plus violente qu’il n’avait de coutume : ce que tout au contraire j’expérimente en moi, car voulant ce jourd’hui paraître devant vous, l’éclat de vos belles perfections offusque réellement et ma vue et mes sens, qu’à peine me reste-il quelque ressentiment naturel. D’un côté, je vois la grandeur de votre très illustre sang, de l’autre, le peu de mérite qui se trouve en moi, pour me présenter à vos grandeurs. Toutefois jetant les yeux plutôt sur l’admirable bienveillance, dont vous soulez recevoir les gens lettrés, que sur les rayons deer, en titre de Clermont, Lorraine et de Valois. Je sais bien que la chose est de petite conséquence, mais si vous daignez jeter les yeux sur icelle, et l’honorer de quelques affections, cela seul la rendra de soi partout recommandable. Je vous en supplie,
Madame, qui suis,
Votre très humble et très affectionné serviteur,
G. Thilloys.