Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Le Pasteur fidèle</em> Giraud, Antoine de (traducteur) 1623 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1623_giraud_pasteur-fidele 1623 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À la reine mère du roi.

Madame,

Ce pasteur plein de fidélité, accompagné de sa constante Amarillis, après avoir paru en son haut appareil, et richement vêtu à l’italienne par le seigneur Guarini (autre Pétrarque de son temps) non content d’avoir gagné les bonnes grâces de ce grand duc qui vous a donné naissance, d’avoir mérité l’entrée de son cabinet, et la louange des esprits plus subtils et relevés de l’Italie (pays autant grand et recommandable qu’il a mérité d’être le berceau de la plus grande et plus illustre reine de l’univers) ; ce berger, dis-je, la fidélité même, après avoir souffert une infinité de traverses, avoir vogué longtemps dans la mer orageuse d’un nombre d’obstacles et contrariétés, se voyant enfin paisible possesseur de sa chère bergère, a jugé que sa fidélité n’était point encore parfaite, ni sa gloire en son période, si votre Majesté ne lui faisait l’honneur de le voir de bon œil. À cette occasion ayant passé les mers assez heureusement, il a côtoyé le rivage du Rhône jusques au bord de cette douce rivière qui partage ce grand Lyon, que votre Majesté naguère a honoré de sa présence. Le voyant donc poussé d’un extrême désir de paraître vêtu à la française, aux yeux de votre Majesté toute française, et mère des Français, et l’ayant accueilli non selon son mérite, j’avais tâché de contenter sa louable envie, et vous l’offrir pendant votre séjour dedans Lyon sous ce vêtement, sans m’éloigner néanmoins du sentiment de son auteur, non plus de ses riches et subtiles conceptions. Mais le départ de votre Majesté ayant prévenu mes desseins, n’a point changé pourtant ses résolutions. Au contraire l’a fait partir sous ma conduite à l’abri, et sous les favorables auspices de votre débonnaireté, pour dans cette grande ville, mère des beaux esprits, se venir jeter à vos pieds, et recevoir l’accueil qu’il se promet de la part de votre naturelle douceur. Trois choses, crois-je, vous le rendront agréable, Madame : la première sera son inviolable fidélité ; la seconde l’excellence de son auteur ; et la troisième, qu’ayant toujours gardé pour la ville de Lyon, quelque inclination particulière, depuis l’heureuse journée qui vous la fit aborder reine de France, l’habiter et en partir mère du plus grand et plus juste roi de la terre, vous ne dédaignerez ce petit travail, puisqu’il vous devait être offert dans Lyon, et par un Lyonnais,

Madame,

De votre majesté,

Le très humble, très fidèle, et très obéissant serviteur,

Antoine de Giraud.