$$$Belles germaines du soleil,
Voulez-vous pas monter ma lyre,
Pour chanter d’un ton nompareil
L’honneur de ce terrestre empire ?
Votre frère avec son flambeau
N’a jamais rien vu de si beau.
$$$Les Charites à sa naissance,
Toutes pleines d’étonnement,
En eurent quelque connaissance
Par je ne sais quel mouvement,
Et voyant sa vertu féconde
La crurent la perle du monde.
$$$Quand ce bel astre vint au jour,
Mille dieux épris de sa flamme
Lui consacrèrent leur amour,
Et la choisirent pour leur âme ;
Cupidon même ne sut pas
Se démêler de ses appas.
$$$Mais les arrêts des destinées,
Qui se font au plus haut des cieux,
Ordonnèrent que ses années
Seraient au roi des demis-dieux :
Et qu’il fallait pour ses mérites,
Qu’il eût la reine des Charites.
$$$De ce triste avertissement
La France sans cesse soupire,
Qui voit que son contentement
Doit s’éloigner de son empire,
Et que d’un Mars les saints désirs
Lui vont ravir tous ses plaisirs.
$$$Les derniers moments de sa joie,
Qui lui causèrent tant de pleurs,
Firent soudain à la Savoie
Croire la fin de ses malheurs :
Parmi les champs et par les rues
Les cris en allaient jusqu’aux nues.
$$$Depuis ce temps il n’est celui,
Voyant une âme si parfaite,
Qui malgré son plus grand ennui,
Dans son cœur n’en fasse la fête,
Et qui n’espère désormais
Plus de biens qu’il n’en eut jamais.
$$$Mais que ne peut-on espérer
D’une princesse$$$ incomparable,
Que le renom fait adorer
Par toute la terre habittable ?
Son courage tout généreux
Nous rend à la fin trop heureux.
$$$Suivant des destins l’ordonnance,
Qui nous présageaient cet honneur,
Nos maux auront leur décadence,
Et seront comblés de bonheur :
Elle va calmer les tempêtes,
Qui si souvent battaient nos têtes.
$$$C’est elle, qui nous va donner
Un César de qui le courage
Se doit faire, un jour, couronner
Depuis le Gange jusqu’au Tage,
Si mon grand prince toutefois
Ne l’a déjà dessous ses lois.
$$$Mais c’est assez, doctes pucelles,
Aussi ne sauriez-vous chanter
Toutes les vertus immortelles,
Qu’elle reçut de Jupiter :
Vous conteriez plutôt l’arène,
Qui flotte aux déserts de Cyrène.
$$$Saint et sacré surgeon des dieux,
Princesse en vertus la plus grande,
Lance un rayon de tes beaux yeux
Sur le zèle de mon offrande :
Ainsi parmi les immortels
Je te promets de saints autels.