Transcription Transcription des fichiers de la notice - Dédicace de <em>Pyrame</em> Puget de la Serre, Jean (1600-1665) 1629 chargé d'édition/chercheur Lochert, Véronique (Responsable du projet) Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) PARIS
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1629_puget_pyrame 1629 Fiche : Véronique Lochert (Projet Spectatrix, UHA et IUF) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l'Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
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Français

À très noble et très vertueuse demoiselle Éléonore Fébronie, comtesse de Berghe.

Mademoiselle,

Après avoir étudié deux ou trois ans vos actions, toutes admirables, je vous ai destiné cet ouvrage pour mettre en œuvre leurs merveilles, en publiant partout qu'il n'y en a point d'autres dans le monde. Que dirai-je donc pour vous louer ? Si je parle de votre beauté, sa perfection fera connaître mes défauts, parce que en la voulant représenter, je dépeindrais tout à la fois et ma témérité, et mon ignorance. Et d'ailleurs si le moindre de ses appâts est capable de charmer la raison, toutes les fois qu'elle se veut défendre de les adorer, ne serait-il pas à craindre qu'en voulant exprimer leurs douceurs, mon âme en devint idolâtre ? Tellement, Mademoiselle, que je vous rendrais complice d'un crime, dont votre piété vous ferait rougir de honte, sachant que vous êtes d'humeur à mépriser la plus juste gloire qui vous est acquise. De parler aussi de votre esprit, il n'appartient qu'à lui-même de se louer, encore puis-je dire que sa bonté excède sa puissance, n'ayant pas le pouvoir de connaître toutes ses perfections. Le reste de vos qualités aimables est un nouveau sujet d'étonnement et d'admiration, où mes pensées ne peuvent atteindre. Voilà, Mademoiselle, une partie des vérités que l'honneur de votre conversation m'a apprises, et dont j'étais redevable à la postérité. Car puisque votre portrait représente le plus beau miracle de la nature, de même que les vertus de votre âme, les plus riches faveurs du Ciel, il fallait nécessairement, dans la particulière connaissance que j'en avais, que j'en laissasse ces marques aux siècles à venir, pour donner cette généreuse ambition aux plus parfaites de vous imiter en toutes choses, comme étant un exemple de tout le bien qu'on put jamais faire. Si le nombre de vos mérites n'était sans nombre, j'eusse pris plaisir de faire connaître leur grandeur par leur nom. Mais les dieux vous ont été justement si prodigues de leurs grâces, qui tous ensemble vous ont rendue sans y penser plus adorable qu'eux-mêmes. De sorte qu'on ne peut vous louer, puisque la plus petite de vos qualités, est la plus grande de toutes les louanges. Vous me permettrez donc, s'il vous plaît, que je me loue moi-même de la résolution que j'ai prise de vivre et mourir,

Mademoiselle,

Votre très humble et très fidèle serviteur,

P. de la Serre.